Les réductions de tarifs sur les vols Air Algérie. Du bluff, un effet d’annonce électorale ?
L’annonce est tombée, comme par hasard, à la veille des opérations de vote des émigrés: Air Algérie assouplit sa grille tarifaire et le gouvernement lui apporte son concours pour ce faire, à hauteur de 500 millions de DA. Diable ! De belles réductions en perspective pour les Algériens résidant à l’étranger, notamment les personnes aux revenus modestes et surtout les chibanis. Les immigrés attendent de voir.
Le bien nommé ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l’étranger, paraphe une convention conclue avec la célèbre compagnie, par ailleurs championne de la ponctualité.
Il y en aura pour tout le monde, des réductions à « gogo », pour les chibanis, les étudiants, les sans-emploi, les petits revenus, les femmes seules avec enfants, les familles nombreuses… Autrement dit la quasi-totalité des Algériens établis à l’étranger. Quel formidable élan de générosité !
On croit rêver, mais il suffit de peu pour revenir sur terre, prendre la juste mesure d'un effet d'annonce. Il suffit d’un petit coup de fil au service de réservation d’Air Algérie. Les réductions ? Mauvaise surprise, les services ne sont pas au parfum. Rien de nouveau dans les tuyaux, si ce n’est l’habituel coup de massue vendu comme «promotion» : un Marseille-Alger à 240 euros TTC ! « Sous réserve des places disponibles… ».
Bien sûr, il y a l’argument de consolation dans le genre: «ça met du temps, ça va venir, avec la période estivale». Mais nul n’est dupe. L’application de tarifs préférentiels aux émigrés à revenus modestes est surtout matériellement inapplicable, pour des raisons évidentes liées aux critères de vérification. Sauf à accepter la généralisation à 95% de la future clientèle. Mais la compagnie algérienne a-t-elle vraiment les moyens de se passer de cette «vache à lait», alors que les flux touristiques ont du mal à décoller ? Rien n'est moins sûr.
Alors, les Algériens résidant à l’étranger attendent de voir, de juger sur pièce. L’état major commercial de la compagnie est en conclave, croit-on savoir dans les services de réservation. Mise devant le fait accompli, Air Algérie tenterait-elle à présent de se dépêtrer pour trouver une parade ? Ou bien, son PDG, Wahid Bouabdellah, ancien député FLN et proche de Bouteflika, aurait-il tout bonnement cédé sans trop de difficulté à un jeu malsain de manipulation électorale impliquant l’entreprise publique dont il a la charge?
Dans un cas comme dans l’autre il est proprement scandaleux de dresser ainsi subitement des miroirs aux alouettes devant de nombreuses familles d’Algériens qui souffrent de ne pouvoir se rendre plus souvent au pays, juste pour redorer encore le blason du président-candidat. Par un coup de bluff, dans le style de : «demain on rase gratis !».