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Les remèdes à la crise et le cri étouffé des laissés-pour-compte

Ils disent tous la même chose. Politiques, experts, banquiers, journalistes spécialisés… chantent la même antienne : le marché interbancaire est asséché, les robinets du crédit se referment, les liquidités viennent à manquer, les entreprises sont menacées d’asphyxie faute d’argent frais, et l’inquiétude gagne les consommateurs. En un mot comme en cent, c’est l’apoplexie au centre- dans les sphères financières- et la paralysie aux extrémités.

La confiance est devenue le maître mot, tous l’appellent de leurs vœux et rivalisent de recettes pour la faire renaître, mais pas seulement. Voilà que tout ce beau monde redécouvre subitement les vertus de l’action publique et que l’on ose prononcer le gros mot de « nationalisation ».

Le branle-bas de combat n’en finit plus : réunion des grands argentiers et de l’Euro groupe, déclaration en grande pompe de principes arrêtés en commun pour venir en aide aux banques.

Président de l’Europe, Nicolas Sarkozy  est porté aux nues par des commentateurs zélés, saluant sa bonne parole, à la gloire d’un « capitalisme d’entrepreneurs » en opposition au « capitalisme financier ». Cependant que, dans le rôle de donneur de leçons, le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, savoure l’attention que lui portent les médias, alors que ses pairs sont à couteaux tirés au Parti Socialiste.

Et tout ce beau monde surveille les indices boursiers, attendant le signal d’un retour de la confiance salvatrice. C’est sûr, la machine va finir par redémarrer, les trader retrouver le moral, les circuits du crédit fonctionner à nouveau… Ils diront alors encore tous la même chose : qu’il faut réguler, coordonner, surveiller, brider le fonctionnement des marchés et ne plus laisser faire…

Dans ce brouhaha, nul n’aura prêté attention, ou si peu, au cri d’alarme de l’ONG Action pour la faim, stupéfaite de constater que les Etats affolés sont prêts à dégainer des milliards de dollars et d’euros pour sauver un système absurde, qui laisse des millions d’individus sur le carreau, assure la prospérité d’une économie déconnectée du réel, du travail et de la production de la richesse.

« A chacun de mes retours en Europe, je constate combien nous sommes privilégiés », répondait Jean-Marie Gustave le Clézio, prix Nobel de littérature 2008, à un journaliste qui sollicitait son point de vue à propos de la crise.

Des mots lourds de sens qui renvoient à ce monde de riches malades de s’être trop gavés, tandis que partout de par le monde des centaines de millions d’être humains s’étranglent de misère.

Des mots qui font écho au cri étouffé des laissés-pour-compte…  

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