Nicolas Sarkozy face aux banques : le discours de l’impuissance
Sans surprise, face aux patrons des banques le président Français Nicolas Sarkozy s’en est sorti avec un compromis bricolé à minima sur le thème brûlant des bonus grassement attribués aux traders. Un versement différé des 2/3, dont 1/3 en titres de l’établissement qui emploi le chasseur de marges, le tout assorti d’un malus quand les gains ne sont pas au rendez-vous. Diable ! A l’évidence, les banques ne semblent pas du tout gênées par le dispositif, tant elles ont renoué avec les profits sur des activités de marché vite reparties. BNP Paribas s’est d’ailleurs empressée de réduire de moitié sa fameuse provision de 1 milliard d’euros, en signe de bonne volonté.
Cela étant, il faut au moins reconnaître à l’hôte de l’Elysée d’avoir tenté de faire bouger les banques dans le sens attendu par les PME, au bord de l’asphyxie, et les ménages qui se voient systématiquement refuser des crédits. Mais il n’est pas sûr que les banques, trop occupées à se refaire une santé, l’entendent vraiment. Le président appelle enfin au contrôle qui s’impose sur les fonds publics accordés aux établissements financiers. Il était temps.
A la sortie de ce conclave avec les banquiers Nicolas Sarkozy s’est habilement servi du thème devant la presse pour se donner une image de fermeté. Les mots étaient soigneusement choisis, le président s’est dit «scandalisé devant les leçons de la crise si vite oubliées par certains», il a évoqué « une question de morale », a exigé « plus de transparence, de responsabilité et de sanctions ».
Une chose est sûre, les communicateurs de l’Elysée ont soigneusement travaillé le message. Le président est à pied d’œuvre, débordant de dynamisme, il est avant tout soucieux de l’intérêt du contribuable, des Français qui peinent.
Malgré sa bonne volonté apparente, Nicolas Sarkozy n’en reste pas moins pris en étau entre la gloutonnerie des banques qui craignent de se laisser planter par les concurrents et les réticences des autres membres du G 20 à contraindre le monde puissant de la finance. Inévitablement, il sert un discours d’impuissance.