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Yasmina KHADRA, « Je suis face à mon rêve, quand j’écris sur l’Algérie »

Dans son dernier roman «Ce que le jour doit à la nuit», Yasmina Khadra, nous replonge, dans l’Algérie coloniale, à travers le destin d’un algérien, face au volte face de la condition humaine. Rencontre.

 

_.Ecrivain engagé, qu’est ce qui vous pousse à écrire sur des thèmes aussi brûlant que l’Irak, la Palestine ou l’Algérie coloniale ?
Yasmina Khadra : Le monde m'interpelle, me préoccupe, m'intéresse. L'intelligence régresse et la désinformation prépare les champs de bataille à venir. Nous vivons l'ère de la manipulation politique la plus spectaculaire et nous glissons inexorablement vers l'irréparable. J'essaye de réagir, de dire les choses, d'attirer l'attention sur les dérives apocalyptiques qui nous éloignent de notre humanité pour nous installer dans la barbarie, le racisme, la xénophobie et la haine de l'Autre.

_.L’Algérie coloniale est un sujet qui vous tient particulièrement à cœur ?
Yasmina Khadra :
oui, parce que l'Algérie, n'a pas encore été racontée, par les siens. Quelques ouvrages où la cocarde et le chauvinisme criard dénaturaient les vrais rapports, les vrais repères. Je suis particulièrement fier de ce dernier. Depuis longtemps, je rêvais d'écrire sur l’Algérie et là je suis face à mon rêve.

_.Votre roman suit l’itinéraire d’un jeune algérien confronté à l’agressivité de la colonisation et au déchirement de deux peuples, y’a-t-il  une volonté d’humaniser les rapports ?
Yasmina Khadra :
C'est une saga qui survole l'Algérie des années 1930 jusqu'à l'indépendance, à travers laquelle nous suivrons le destin d'un Algérien confronté aux rapports maître sujet, à la ségrégation sociale, mais aussi les amitiés et les tiraillements d'une belle histoire d'amour. J’aimerais que l’on transcende l’histoire, pour faire de notre passé commun un terrain de réconciliation.

_.Votre renommée est aujourd’hui internationale, vous êtes salué par les plus grandes plumes de notre temps, pourquoi la reconnaissance en Algérie a mit du temps ?
Yasmina Khadra  Le pays ne m'a pas consacré, c'est vrai, mais beaucoup de nos intellectuels ne m'ont pas épargné. Si vous voulez lire des monstruosités sur moi, cherchez dans la presse algérienne. Chez nous, tout ce qui est noble est ciblé, tout ce qui est beau est défiguré, tout ce qui nous tire vers le haut est tiré vers le bas. Il est des nations ainsi faites: les nations qui avancent, et celles qui reculent. Chacun la sienne. Le progrès et la régression relèvent de la mentalité. Nous voyons des peuples sur des rochers réussir et avancer, et des peuples sur des mines d'or se décomposer au soleil comme des bêtes crevées. Il ne s'agit pas de fatalité, il s'agit de présence d'esprit.

Propos recueillis par Assia SEDDIKI

 

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