Les enfants étaient retirés à leurs parents après l'accouchement, déclarés morts, ils étaient ensuite adoptés par des couples stériles proches du régime...  (DR archives)

Espagne : procès historique des « bébés volés » sous la dictature franquiste

Le premier procès des "bébés volés", un trafic de nouveaux-nés soustraits à leur mère et confiés à des familles d'adoption sous la dictature de Franco (1939-1975), a repris mardi 4 septembre à Madrid. Il avait débuté le 26 juin dernier.

Premier accusé : l’ex-obstétricien de 85 ans Eduardo Vela. Il exerçait à la clinique San Ramon de Madrid, il aurait été un des principaux acteurs du trafic.

Les enfants étaient retirés à leurs parents après l'accouchement, déclarés morts, ils étaient ensuite adoptés par des couples stériles proches du régime. L’Eglise catholique couvrait le plus souvent ces enlèvements.

Dans ce procès, le Dr Vela est accusé par une employée des chemins de fer de 49 ans, de l'avoir séparée de sa mère biologique et d'avoir falsifié son acte de naissance en juin 1969. Le parquet réclame 11 ans de prison à son encontre.

Transmettre le « gène » du marxisme...

Eduardo Vela, dénoncé depuis longtemps par la presse et des associations, est le premier à s'asseoir sur le banc des accusés alors que le scandale a été dénoncé pour la première fois dans la presse en 1982, grâce au témoignage de la mère adoptive d'Inès Madrigal, décédée depuis.

Cette dernière, qui ne pouvait pas avoir d'enfant, a raconté que le médecin lui avait proposé un bébé avant de lui demander de simuler une grossesse pour la déclarer comme mère biologique du nouveau-né.

Mais malgré l'ampleur du scandale, aucune des plus de 2.000 plaintes déposées selon les associations n'a abouti, souvent en raison de la prescription des faits.

La pratique du "vol de bébés" est née pendant la répression qui a suivi la guerre civile (1936-1939), les enfants étaient soustraits à des opposantes accusées de transmettre le "gène" du marxisme.

A partir des années 1950, des enfants nés hors mariage, ou dans les familles pauvres ou très nombreuses, ont été visés. Le trafic a perduré sous la démocratie, au moins jusqu'en 1987, cette fois pour faire de l'argent.

Le même phénomène s'est reproduit en Argentine pendant la dictature militaire (1976-1983) quand quelque 500 nouveaux-nés ont été arrachés à des détenues et confiés en adoption à des familles soutenant le régime.

(Avec AFP)