Turquie: l'Union européenne n'est plus une priorité

Turquie: l'Union européenne fait moins rêver

Le désir des Turcs d’intégrer l’Union européenne serait en net déclin. C’est ce que révèlent les conclusions d’une étude menée par la Fondation Turquie-Europe pour l’Education et la Recherche scientifique (TAVAK) en 2013.

Même si en termes de pourcentage, le nombre des Turcs en faveur d’une adhésion à l’Union européenne a augmenté de 1% en 2013 par rapport à l’année 2012, l'aspiration européenne serait bel et bien en net recul.

Les causes sont multiples, avec le sentiment de confiance suscité par la croissance économique turque de ces trois dernières années mais aussi la crainte du risque de contagion de la crise économique qui depuis 2008 touche les pays de l’Union européenne: la Hongrie, la Roumanie, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande et l’Italie, et qui menace en 2014 la Belgique, la Slovénie et d’autres pays de l’Europe de l’est.

A cela viennent s’ajouter, selon l'étude TAVAK, les signaux négatifs renvoyés par certains pays européens, et notamment la ligne dure de la Chancelière allemande Angela Merkel sur la candidature de la Turquie à l’Union européenne.

Islamophobie, racisme et sentiment anti turc émanant de l’Europe tendent également à modifier l’opinion publique turque sur l’U.E.

L’étude TAVAK 2013 souligne d’ailleurs que si la candidature de la Turquie continue à susciter des réactions aussi négatives, cela entraînera dès l’année prochaine une baisse sensible du nombre de Turcs partisans d’une adhésion à l’Europe.

En outre, renforcés par la montée en puissance de l’économie de leur pays, les Turcs ne regardent plus l’UE comme la seule ouverture possible sur le monde.

La Turquie envisage d’autres alternatives ainsi que de nouvelles relations et organisations dont elle pourrait être partie prenante: en témoignent les relations économiques de plus en plus importantes nouées avec les pays africains, avec un chiffre des exportations passé de 2% en 2002 à 34% en 2012. A l’inverse, la diminution des exportations en direction des pays européens aurait quant à elle diminué de 30% en dix ans avec un effet négatif sur la candidature à l’UE de la Turquie.

L’étude TAVAK 2013 met en évidence la volonté de la Turquie de développer des relations étroites avec les pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) mais  aussi de renforcer sa coopération avec l’Organisation de coopération de Shangaï. (OSC).

Finalement, les Turcs seraient de plus en plus nombreux à ne plus rêver de l'Europe et même à penser que leur pays n’a même plus besoin de l’E.U..