L’Afrique subsaharienne dans le tunnel de la récession

Les pays d’Afrique subsaharienne entrent dans une crise économique avant même d’être massivement frappés par la pandémie. Les conséquences du virus dans les pays riches ébranlent leurs économies fragiles. L’aide internationale y est de première urgence.

Les clignotants y sont d’ores et déjà au rouge. Cours de matières premières à la baisse, activité touristique en berne, partenaires commerciaux en récession… Les pays d’Afrique subsaharienne entrent dans une crise économique avant même d’être massivement frappés par la pandémie. Une situation inédite depuis 25 ans, selon la Banque mondiale (BM). L’institution chiffre ce recul entre -2,1 % et -5,1 % pour 2020 après une croissance de 2,4 % en 2019.

Les pertes d’emplois se chiffrent en dizaines de millions dans les secteurs formels et informels. En Afrique du Sud, le confinement met au chômage quelque 450 000 mineurs. La baisse du baril de pétrole ente 20 et 30 dollars siphonne les ressources d’exportation du Nigeria et de l’Angola. L’or extrait au Mali et au Burkina se heurte à la perturbation du transport aérien et des activités de raffinage.

Chute du tourisme et conséquences en cascade

Les transferts de fonds de la diaspora vont inévitablement s’assécher. Un coup dur sachant qu’ils représentent pour le Sénégal 10 % du PIB en 2018 et 5,5 % pour le Mali, selon le cabinet d’analyse Bloomfield Investment.

Secteur clé, le tourisme en chute libre provoque des conséquences en cascade dans de nombreux domaine. La crise va se répercuter sur toute « la chaîne d’approvisionnement : agriculture, pêche, banques, assurances, transports, culture et divertissement », s’inquiète le ministère du Tourisme d’Afrique du Sud. Cette industrie a procuré 21,5 milliards d’euros en 2018, quelque 1,5 million d’emplois sont à présent menacés dans le pays.

« On a tout arrêté parce qu’on n’a plus de client. On a libéré les deux tiers des employés, soit une vingtaine de personnes », déclare pour sa part un gérant du complexe hôtelier Le Bambou au Burkina Faso, cité par l’AFP.

Une aide indispensable... sans les conditionnalités habituelles

Les exportateurs Éthiopiens de café voient, quant à eux, leurs marchés, en France, en Allemagne, aux États-Unis, se fermer complètement. Ce produit représente 5 % du PIB du pays et l’industrie emploie directement et indirectement 25 millions de personnes.

Les économies des pays d’Afrique entrent ainsi dans le tunnel de la récession. Faute de moyens suffisants et de dispositifs sociaux, les États se trouvent dans l’incapacité d’éviter un choc aux lourdes conséquences sur les populations.

Ces sombres perspectives interpellent les pays riches dont l’aide est désormais indispensable hors des conditionnalités habituelles d’endettement et d’ajustement structurel moteurs du sous-développement et des inégalités internationales.

Sources: https://www.humanite.fr/lafrique-subsaharienne-dans-le-tunnel-de-la-recession-687666