Les institutions veulent faire une démonstration de force destinée à tuer toute tentative de mettre fin à l'austérité... (DR)

Grèce : Tsipras dénonce « la responsabilité criminelle » du FMI

La crise de la dette grecque entre dans une phase cruciale. Le gouvernement, qui déjà fait de nombreuses concessions, ne cède pas au chantage des créanciers, qui continuent à exiger des mesures antisociales. Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a dénoncé mardi la "responsabilité criminelle" du FMI dans la situation actuelle de la Grèce.

« Le moment est venu pour que les propositions du FMI (Fonds monétaire international) soient jugées non seulement par nous mais surtout par l'Europe (...) car l'Europe doit discuter non seulement pour la Grèce mais aussi pour l'avenir de la zone euro », a lancé Alexis Tsipras devant le groupe parlementaire de son parti, Syriza (gauche radicale),

Le 30 juin tombera le couperet du 1,6milliard d’euros à rembourser au FMI, qui entraînerait le versement de 7,2 milliards, suspendus, eux, à l’issue du chantage aux réformes antisociales. Dans cette dernière ligne droite, la crise de la dette grecque emprunte un cours politique. Aux créanciers qui ne cessent d’agiter l’épouvantail d’une sortie de la zone euro, le gouvernement Syriza oppose désormais l’argument de la souveraineté dans une parade de résistance aux politiques d’austérité qui ont ruiné le pays, précipité des millions de Grecs dans la pauvreté.

« L'insistance des institutions (créanciers, BCE, UE) à poursuivre un programme qui a clairement échoué ne peut pas relever de l'erreur ou du zèle excessif, le plus probable est qu'elle est au service d'une motivation politique (...), elles semblent vouloir envoyer le message à la Grèce et aux peuples européens qu'un mandat populaire ne peut pas changer les choses », a dénoncé M Tsipras.

Une démonstration de force…

Il a accusé ces institutions de vouloir "sans doute faire une démonstration de force destinée à tuer toute tentative de mettre fin à l'austérité".

«La balle est dans le camp de la Grèce», a déclaré, ces derniers jours, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, dans le contexte tendu des négociations autour de la dette qui ont encore débouché sur une impasse le dimanche 14 juin. Il ne croyait sans doute pas si bien dire. C’est effectivement le peuple grec qui a désormais la main après la confrontation entre ses dirigeants et les tenants de l’Europe libérale.

La négociation menée sous pression est mise à l’épreuve de la démocratie et de la vérité sur les origines de la dette. Le rapport préliminaire de la commission d’audit, mise en place par le Parlement grec, rendu public le 18 juin, en dévoile les mécanismes pernicieux, qui ont surtout profité aux banques, et les tractations douteuses, qui ont sacrifié des pans entiers du service public et laissé des millions de citoyens sur le carreau. «La dette grecque est illégitime et surtout insoutenable», affirment les économistes mis à contribution.

«Nous avons dit que l’argent que nous collectons ira en priorité aux salaires et aux retraites. Le service de notre dette publique est lié à la mise en œuvre d’un accord », a martelé le 15juin Nikos Filis, porte-parole du groupe parlementaire de Syriza. À cette étape cruciale de la confrontation avec les créanciers, son parti, fort d’un large soutien populaire, a plus que jamais les coudées franches pour ébranler la citadelle de l’Europe libérale. Le peuple grec n’a pas encore dit son dernier mot.