Henri Alleg.. (DR)

L’immense Henri Alleg s’en est allé

L’auteur de la « Question », ouvrage célèbre écrit durant sa détention à Alger où il raconte l’épreuve de la torture qu’il subissait comme tant d’autres prisonniers algériens, est mort le 17 juillet en région parisienne.

Né à Londres de parents juif Henri Alleg s'installe en Algérie en provenance de Paris en 1939, à l’âge de 18 ans, et milite au sein du Pari communiste algérien (PCA). Il ne repartira qu'en 1965 après la prise du pouvoir par le colonel Houari Boumediene.

Militant communiste et anticolonialiste, il devient journaliste. En 1951, il prend la direction d'Alger républicain, journal qui publia Albert Camus. En 1955, le journal est interdit. Henri Alleg entre alors en clandestinité et participe à des réseaux d'aide du FLN.

Le 7 janvier 1957, le général Massu se voit confier les pleins pouvoirs à Alger. Le 12 juin, en pleine "bataille d'Alger", les hommes de la 10e division parachutiste procèdent à l'arrestation d'Henri Alleg, alors qu'il se rend chez son ami, Maurice Audin, professeur à l'université d'Alger, militant communiste engagé dans la lutte anticoloniale.

Dès son arrestation, Henri Alleg sera torturé à El-Biar, dans le "centre de triage". Il est le dernier à avoir croisé Maurice Audin vivant, dans ce lieu. Le corps du jeune mathématicien ne sera jamais retrouvé.

Trois ans après son arrestation, il est inculpé d'« atteinte à la sûreté extérieure de l'État » et de « reconstitution de ligue dissoute » et condamné à 10 ans de prison. Transféré en France, il est incarcéré à la prison de Rennes. Profitant d'un séjour dans un hôpital, il s'évade. Aidé par des militants communistes, il rejoint la Tchécoslovaquie grâce notamment à Alfred Locussol.

Il revient en France après les accords d'Evian, puis en Algérie où il participe à la renaissance du journal Alger Républicain.

François Hollande a rendu hommage jeudi à Henri Alleg, décédé mercredi. Le chef de l'Etat Français a salué le journaliste militant qui "alerta sur la réalité de la torture en Algérie" et qui "toute sa vie lutta pour que la vérité soit dite".

"A travers l'ensemble de son oeuvre -jusqu'à son dernier livre, Mémoire algérienne, paru en 2005-, il s'affirma comme un anticolonialiste ardent", a souligné le président de la République dans un communiqué. "Il fut un grand journaliste, d'abord à Alger Républicain, dont il assura la direction, puis à L'Humanité, dont il fut le secrétaire général et auquel il collabora jusqu'en 1980".

"Son livre, La Question, publié en 1958 aux éditions de Minuit, alerta notre pays sur la réalité de la torture en Algérie", a ajouté M. Hollande, en soulignant que "toute sa vie, Henri Alleg lutta pour que la vérité soit dite", en restant "constamment fidèle à ses principes et à ses convictions".

Ci-après, les nombreux autres hommages rendus à Henri Alleg

Bruno Le Roux, président du groupe PS à l'Assemblée nationale: "Henri Alleg, grande figure du journalisme français, qui par ses combats courageux contre la colonisation et la torture a puissamment favorisé l'éveil des consciences (...) Jusqu'au bout de sa vie, Henri Alleg n'a pas transigé sur ses idéaux politiques et journalistiques. Il restera une figure marquante du courage et de l'esprit de résistance à l'arbitraire"

Bertrand Delanoë, maire PS de Paris, a dit avoir appris "avec émotion et tristesse" le décès de ce "grand éveilleur des consciences françaises au moment de la guerre d'Algérie". "Militant communiste, journaliste engagé, il n'a jamais cessé, malgré l'emprisonnement et la torture, de clamer haut et fort son souci de la dignité humaine. Au nom de Paris ainsi qu'en mon nom personnel, je tiens à présenter mes condoléances à sa famille, ses amis et ses camarades".

Pouria Amirshahi, député PS des Français de l'étranger (Maghreb/Afrique de l'ouest), a salué "la mémoire de cet homme de conviction" et exprimé son "immense respect pour ses différents engagements qu'il paya de la brutalité des tortionnaires (...) La disparition d'Henri Alleg commande que nous maintenions allumée, plus que jamais, la flamme qui l'animait"

Le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) a salué la mémoire de "celui qui restera le symbole même de la lutte anticoloniale et anti-impérialiste, du courage, de la force de caractère, de la ténacité dans la lutte pour en finir avec l'oppression et l'exploitation"