Aleksadar Vucic; ":"Pour chaque Serbe tué,  nous exécuterons 100 musulmans bosniaques""

Les massacres de Srebrenica: une commémoration, troublée et troublante

Le premier ministre serbe Aleksadar Vucic s'est improvisé super star mondiale, après avoir été visé par un jet de pierre à la tête pendant la commémoration des vingt ans du massacre de Srebrenica.

Ni la princesse Anne  d'Angleterre, ni l'ex président Bill Clinton, qui a même été impressionné par l'audace de cette visite en Bosnie, n'ont fait d'ombre à sa toute fraîche notoriété, très bien étudiée!

Rappelons pourtant que le passé de Vucic (prénom qui signifie "louveteau" en langue serbe et en langue croate) est marqué par un nationalisme belliqueux et guerrier car il fut un des responsables de la télévision Kanal S, à Pale, le fief du criminel monténégrin Radovan Karadzic, actuellement jugé au Tribunal international à la Haye.

Ce même homme qui fait mine de tendre une main amicale aux survivants du massacre, qu'il se garde bien de nommer génocide, avait bel et bien déclaré en 1995 au même endroit :"Pour chaque Serbe tué,  nous exécuterons 100 musulmans bosniaques".

C'est ce même " démocrate", prompt à défendre la paix devant les caméras, qui, en visite à Bruxelles en mai dernier, s'était écrié en rencontrant un Serbe au quartier Louise : "Vive Seselj, bravo Seselj."

Seselj, dont il faut rappeler qu'il est condamné pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, envers la population bosniaque. En 1992, sur les hauteurs de Sarajevo, Aleksadar Vucic, alors jeune et armé jusqu'au dents, prenait une part active au siège de la ville, guidé par son mentor Vojislav Seselj. Une enregistrement visible sur YouTube immortalise ces moments.

Ce héros des causes perdues qui prétend renouer les liens entre la Serbie et la Bosnie-Herzégovine a même été jusqu'à embrasser une mère de Srebrenica lors de la comméoration. Pourtant quand la veuve, qui a perdu presque toute sa famille en 1995, le suppliait d'aider la population qui continue d'être maltraitée et exterminée, il n'a eu aucune réaction :"Il ne m'a rien répondu" a affirmé Hatidja Mehmedovic.
 

Une attaque contre toute la Serbie

L’incident de cette petite pierre qui a frôlé l'oreille de l'homme fort de Belgrade est interprété comme une attaque contre toute la Serbie. Ivica Dacic, le premier Vice président du gouvernement et ministre des Affaires étrangères actuel,  a inondé les média de déclarations toutes faites:

"Le Premier ministre de la Serbie a réagi comme un homme d’État en décidant de  rendre hommage aux victimes. Ce qui est arrivé est encore une conséquence de la politisation du thème qui a causé de nouvelles divisions et produit la haine au lieu de renouer des liens rompus dans les années 90 du siècle dernier.Ce n'est pas seulement une attaque sur la personnalité de Vucic, ce sont outrages directs à la Serbie, à sa politique de paix, de coopération et d'entente régionale"!

Et Vucic de continuer son jeu en invitant la présidence de la fédération bosno-croate à Belgrade, sans rater une occasion de se montrer devant les caméras régionales et internationales prônant "la collaboration".

Une fois les cérémonies terminées, les habitants non Serbes de Srebrenica se retrouvent restent seuls devant les tombes d'êtres chers, disparus pour toujours et une appréhension: celle d'être de nouveau précipités dans la "gueule du loup". Il craignent qu'un "loup" (Vucic), veuille encore une fois troubler leur existence avec l'unique but d'obtenir l'entrée de la Serbie dans l'Union Européenne et de s'assurer une notoriété internationale.

Un très vieux proverbe de l'Europe du sud-est dit : le loup change de fourrure, jamais de nature! Certes il s'agit d'un "vucic", un "petit loup", mais un loup quand même!