Algérie: le Hirak sous haute tension

Les accès à Alger sont complètement bloqués ce vendredi 18 septembre par les forces de gendarmerie. Les Algériens sont empêchés de rejoindre les manifestants qui se rassemblent en masse dans la capitale pour la 31ème fois en opposition contre le pouvoir.

Cette grave atteinte à la liberté de circuler a lieu sur ordre du chef d'Etat-major de l'armée, Gaïd Salah, lequel s'accapare apparemment toutes les prérogatives au sommet de l'Etat.

Entre temps, les arrestations arbitraires se multiplient, les animateurs du mouvement sont tout à tour ciblés et kidnappés par des barbouses en civil, généralement à la porte de leur domicile. Ils sont ensuite présentés devant le procureur et systématiquement inculpés d'atteinte « au moral de l'armée », voire à la « sécurité nationale ».

La contestation se heurte à l'intransigeance du pouvoir résolu à imposer une élection présidentielle dans des conditions politiques troubles, avec les hommes, les institutions et les dispositifs qui ont dévasté le pays, vingt ans durant, sous l'ère Bouteflika.

Le scénario Fattah al Sissi...

Les médias publics et la presse privée aux ordres se déchaînent dans une campagne de dénigrement du mouvement de protestation. La clientèle et les réseaux de l'ex-gouvernance sont mis à contribution pour assurer la survie d'un même régime totalitaire, avec le soutien des pays occidentaux, dont celui la France, des Emirats et de l'Arabie Saoudite.

Chef de file du clan qui a triomphé en précipitant en même temps la chute de Bouteflika, en embastillant la quasi-totalité des acteurs de son premier cercle, y compris dans le monde des Affaires, le général Gaïd Salah opte à présent pour le face-à-face avec la rue.

Le général veut passer en force et imposer un candidat « de consensus », entièrement dévoué au clan qui entend désormais diriger le pays. C'est le scénario de l'Egyptien Fattah al Sissi avec un homme de paille au Palais présidentiel.

Ce vendredi 18 septembre marque un tournant à très hauts risques pour le pays. A l'heure où nous écrivons Alger la Blanche se réveille sous tension. Les automobilistes menacent de laisser leurs véhicules sur la route et de marcher vers la capitale. Le peuple Algérien est soumis à une nouvelle épreuve.

Photo: DR... Les Algériens en provenance de Kabylie sont bloqués sur la route