les surfacturations seraient devenues une pratique courante... (DR)

Algérie: le gouvernement tente de mettre de l’ordre dans le secteur de l’importation

Contraint par la chute du prix du baril de pétrole, dont le pays est dramatiquement dépendant, le gouvernement Algérien tente d’assainir le secteur des importations, source de fuite de capitaux et d’enrichissement colossale dans des conditions obscures. Une saignée.

Les services de la Douane annoncent des opérations de contrôle qui devraient cibler de gros importateurs. Selon le directeur du contrôle, Benammar Regue, seront en priorité passés au crible ceux qui « détiennent un volume important d’importation ».

Médicaments, produits alimentaires, véhicules, logiciels…Dans tous ces secteurs, l’importation tourne à plein régime. Les services des douanes envisageraient de vérifier la conformité à la législation des changes, sachant qu’il s’agit de secteurs à risques pour la fuite des capitaux. Les surfacturations y seraient devenues une pratique courante.

Les Douanes jugent notamment excessif le montant de 350 millions de dollars d’importation de logiciels durant les quatre dernières années. Les contrefaçons constituant un volume important de ces importations.

Des registres de commerces bidon et des marchandises abandonnées

Sur un montant global de 73,4 milliards de DA de pénalités infligées en 2014 aux importateurs fraudeurs, 52 milliards de DA sont des pénalités liées aux infractions de change, soit 71%, indique le directeur du contrôle.

La Douane aura sans doute aussi fort à faire dans la chasse aux faux importateurs. Ces malfrats ont recours à des registres de commerce bidons, avec des prête-noms, pour importer des biens inutiles, sans valeur, qu’ils abandonnent ensuite dans les enceintes portuaires une fois la facture réglée en devises fortes.

« Dans un grand nombre de conteneurs abandonnés, ouverts par nos services, nous découvrons du sable, du parpaing et des machines usagées destinées à la casse, et pour lesquels des sommes importantes de devises ont été transférées vers l’étranger au titre du payement de ces importations », précise M. Regue

Il aura ainsi fallu le coup de semonce de la chute brutale du prix du pétrole pour que le gouvernement daigne enfin remettre de l’ordre dans ce secteur clé de l’importation qui saigne le pays. Mais encore faut-il, pour y parvenir, avoir la volonté et le courage politique de s’attaquer aux intérêts des centres de pouvoir qui protègent et tirent profit de cette vaste entreprise de dilapidation des ressources financières du pays. Le vrai défi.