La Croix-Rouge accusée de négligence dans le traitement des jeunes migrants isolés à Paris

Une trentaine d'associations et ONG dénoncent mercredi 23 janvier le traitement réservé aux jeunes migrants par la Croix-Rouge à Paris, où elle est chargée d'évaluer leur âge, rapporte l’AFP.

« Nous, associations et bénévoles présents sur le terrain, sommes les témoins quotidiens de situations intolérables tant sur les plans humain, médical et juridique », affirment les signataires (Médecins sans frontières, Médecins du monde, Mrap...) dans une lettre ouverte au président de la Croix-Rouge française, Jean-Jacques Eledjam, publiée par le journal Libération.

La lettre accuse la Croix-Rouge de "gestion routinière" des arrivées "dénaturant entièrement les textes sur la protection de l'enfance", avec notamment des "refus d'évaluation purs et simples", chiffrés à "509 cas" par l'Antenne de mineurs du barreau de Paris en 2017.

Les signataires déplorent aussi des "entretiens sommaires", durant "moins de 30 minutes" et "menés par un seul évaluateur dont l'avis repose essentiellement sur l'apparence physique du jeune".

"Entre deux et dix huit mois à la rue"

Environ 8.000 jeunes ont demandé à être reconnus comme mineurs non accompagnés l'an dernier dans la capitale, selon la Ville de Paris qui a confié l'évaluation de leur âge à la Croix-Rouge française. Les moins de 18 ans sont orientés vers l'aide sociale à l'enfance et les autres peuvent saisir le juge des enfants s'ils estiment leur âge mal évalué.

Mais entre l'évaluation initiale et la décision de placement du juge, "un mineur isolé peut passer entre deux et dix-huit mois à la rue", assurent les signataires, avec des "conséquences catastrophiques" pour leur scolarité et leurs chances de régularisation notamment.

"Il nous semble urgent que la Croix-Rouge Française mette ses pratiques en accord avec ses principes fondamentaux ou, au contraire, qu'elle cesse de cautionner par sa présence ce dispositif inique et qu'elle renonce à y participer", concluent les signataires, parmi lesquels les antennes CGT de la Croix-Rouge française et de l'aide sociale à l'enfance de Paris.

(Avec AFP)

Photo (Crédit : InfoMigrants)