France. Des comportements haineux à l’abri des « gilets jaunes »

Les bataillons de « gilets jaunes » sont infestés d’individus haineux, racistes, xénophobes et violents. C’est la triste réalité. Ils ne constituent évidement pas la majorité. Mais ils n’en sont pas moins bel et bien présents dans plusieurs barrages, sur plusieurs régions. Ils se distinguent, se font remarquer et se font entendre. On les a vus agresser et insulter une automobiliste au teint basané à coup de « rentre chez toi », on les a vus tabasser en groupe un conducteur récalcitrant mis à terre, on les a vus aussi fiers d’avoir découvert des migrants dissimulés dans une citerne de fuel, contents de les dénoncer à la douane et de les arroser d’insultes…

Les médias ont évoqué ces comportements. Les réseaux sociaux ont permis une vaste diffusion de ces images. Citoyens, commentateurs, politiques, syndicalistes, sont nombreux à s’en offusquer. Mais, reconnaissons-le, seulement du bout des lèvres. L’indignation n’est pas à la mesure de ces agissements. Le député insoumis François Ruffin, par exemple, a certes rappelé, sur BFM, que les migrants ne sont en rien responsables des suppressions de postes, mais il n’a pas clairement qualifié et condamné l’attitude infâme des « gilets jaunes » en question.

Tout se passe comme s’il fallait s’accommoder de ces faits ignobles. L’argument le plus fréquent est qu’ils sont inévitables dans un mouvement populaire d’une telle ampleur. Alors on craint sans doute de parasiter les slogans et le discours revendicatif. Une grave erreur.

Disons-le haut et fort: aussi légitime soit-il, ce soulèvement contre l’écrasement du pouvoir d’achat sous les taxes, contre une politique de transition écologique qui épargne les riches et les puissants, ne saurait justifier ces explosions de haines et de racisme.

A l’heure d’un déclin spectaculaire des formations politiques et des organisations syndicales, c’est la société française qui disjoncte. La voie est dangereusement libre, ouverte au déferlement d’un populisme porteur de haine, dont il faut craindre la pire des régressions. Les fachos ne sont plus en embuscade. Ils travaillent désormais à découvert, dans la rue. Revendiquer n'empêche pas de les dénoncer et de leur faire barrage.