L’armée a renforcé les dispositifs d’encerclement de la place Tahrir (Xinhua)

Egypte : le bras de fer se prolonge entre la place Tahrir et le pouvoir militaire

Les manifestants ne se démobilisent pas sur la place Tahrir investie par des dizaines de milliers de manifestants qui exigent du Conseil suprême des forces armées (CSFA) le transfert immédiat du pouvoir aux civils.

Des rassemblements de masse sont prévus pour ce vendredi 25 novembre, "une marche du million". L’armée a renforcé les dispositifs d’encerclement de la place Tahrir afin d’éviter les déplacements de foules, notamment vers le ministère de l’Intérieur.

La tension avait relativement baissé mercredi dans la nuit suite à un accord entre les manifestants et les forces de sécurité. L'armée avait présenté jeudi des "excuses" pour les morts survenues dans les violents affrontements durant les jours précédents.

Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, le CSFA "exprime ses regrets et présente ses profondes excuses pour la mort en martyrs d'enfants loyaux de l'Egypte durant les récents événements de la place Tahrir".

Selon la télévision égyptienne, le pouvoir militaire aurait décidé de charger Kamal El-Ganzouri, ancien premier ministre de Hosni Moubarak entre 1996 et 1999, de former un nouveau gouvernement.

Le site Internet du quotidien gouvernemental Al Ahram a toutefois indiqué que "le CSFA n'a pas encore pris la décision de nommer Kamal el-Ganzouri". Son chef, le maréchal Hussein Tantaoui, a reçu plusieurs candidats et "des consultations sont encore en cours", ajoute le site.

Kamal Ganzouri est réputé intègre, son équipe avait mis en œuvre une série de mesures d'ouverture économique. Mais il n’est pas sûr que la décision soit de nature à apaiser le climat. Elle pourrait plutôt relancer les appels à une rupture immédiate avec l’ancien régime.

La décision concernant le maintien ou non des élections qui devaient débuter le 28 novembre reste par ailleurs confuse, malgré les annonces faites par les dirigeants de l’armée.

Une journaliste de la chaîne de télévision France 3 a déclaré qu'elle avait été violemment frappée en compagnie son cameraman, Salah Agrabi, et qu’elle a été victime d'une agression sexuelle, jeudi 24 novembre au Caire où elle effectuait un reportage.

Caroline Sinz et son cameraman, Salah Agrabi, avaient commencé à être pris à partie dans une rue menant de la place Tahrir au ministère de l'intérieur, où ont eu lieu les heurts les plus violents entre manifestants et forces de l'ordre ces derniers jours.

"Nous étions en train de filmer dans la rue Mohamed-Mahmoud quand nous avons été assaillis par des jeunes de quatorze ou quinze ans", a raconté Caroline Sinz, faisant état "d'attouchements".

"Nous avons alors été agressés par une foule d'hommes. J'ai été tabassée par une meute de jeunes et d'adultes qui ont arraché mes vêtements" et qui ont procédé à des attouchements répondant "à la définition du viol", a-t-elle poursuivi.

"Quelques personnes ont essayé de venir m'aider sans y parvenir. J'étais lynchée. Cela a duré environ trois quarts d'heure, jusqu'à ce qu'on puisse m'extraire. J'ai cru que j'allais mourir", a-t-elle dit, en ajoutant que le cameraman avait aussi été "tabassé". Finalement secourue, elle a pu rejoindre son hôtel, où elle a été assistée par l'ambassade de France au Caire avant de consulter un médecin.