Algérie. Ils ont tué Kamel Eddine Fekhar, militant des droits de l’homme

Les Algériens retiendront l’image récente de ces deux fillettes brandissant des pancartes appelant à la libération de leur père… le militant des droits de l’homme, le Mozabite Kamel Eddine Fekhar, médecin, est mort ce mardi 28 mai en détention provisoire.

Emprisonné depuis mars pour des délits d’opinion, il a succombé à une grève de la faim de plus de 40 jours.

Fekhar est victime d’une justice aveugle aux ordres d’un pouvoir totalitaire et corrompu. Le militant a été arrêté et jeté au cachot à plusieurs reprises pour ses prises de positions publiques dénonçant l’implication des autorités et de la police politique dans les troubles et les divisions entre les communautés dans le Mzab.

"Un sentiment de colère et de dégoût"

« Kamal Fekhar était un détenu d’opinion, il n’avait commis ni délit ni crime. Au-delà de la question récurrente du recours excessif à la détention provisoire alors que la constitution, le pacte international relatif aux droits de l’Homme et les dispositions du code de procédure pénale consacrent la liberté comme principe et non l’exception, la judiciarisation de l’acte politique, des libertés d’expression et d’opinion est un danger pour les libertés », dénonce la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme (Laddh) dans un communiqué. Elle « exige une enquête indépendante et impartiale pour déterminer les causes de son décès et les responsabilités quant aux défaillances relatives à la protection de la vie de Kamal Fekhar ».

« J’ai un sentiment de colère et de dégoût à l’égard de ceux qui sont responsables de la mort de Kamel Eddine Fekhar. Son épouse a alerté les autorités de la wilaya de Ghardaïa sur son état de santé. Elle leur a bien dit qu’il n’était plus en mesure de parler, que ses réflexes étaient anéantis, qu’il ne réagissait pas quand elle lui parlait. Ses plaintes n’ont pas été prises au sérieux malheureusement », dénonce à son tour Abdellah Zekri, président du Collectif des mozabites d’Europe et président de l’Observatoire de l’islamophobie, dans une interview accordée au site tsa.com. Selon lui, la mort de Fekhar est « un crime ».

La disparition dans des conditions tragiques de ce militant infatigable et courageux et pour qui le soulèvement en cours était le plus beau rêve, suscite l’indignation de la grande majorité des Algériens. Sortis en masse dans la rue, comme tous les mardis, les étudiants lui ont rendu des hommages émouvants.

Source: humanite.fr