Riad Rashwan est diplômé du département de français à l'université Al Aqsa - Gaza.

''Gaza la victoire'', une tribune libre de Riad Rashwan

Après sa première tribune libre publiée sur Médiatérranée pendant que l'intervention militaire israélienne battait son plein en Palestine, Riad Rashwan revient dans nos colonnes pour dresser le bilan final de cette guerre et évoquer les espoirs du peuple palestiniens dans les négociations en cours.

''Gaza la victoire'', par Riad Rashwan


Gaza n'est enfin plus sous le feu de l'offensive militaire israélienne. Après cinquante jours de bombardements, de destruction, de suppression de tout signes de vie, bref, de génocide... 50 jours d'une guerre totale unilatérale dans une bande de Gaza qui est déjà sous blocus depuis 2006.

Ce qu'on l'on peut aujourd'hui voir à Gaza est catastrophique, dans tous les sens du terme : un paysage urbain dévasté par les opérations militaires israéliennes, le visage d'un vieux touché de plein fouet par la maladie, la joie d'un enfant qui jouait avec sa poupée tué sans raison, la tristesse d'une femme qui a perdu tous ses enfants ainsi que son mari... Des familles entières ont été effacées du registre civil de population de Gaza !

Au début de cette agression macabre contre la bande de Gaza, l'objectif annoncé par l'armée israélienne et les responsable israéliens était de mettre fin au terrorisme qui menace la vie des colons israéliens autour de Gaza, comme les responsables israéliens le disaient. Face à l'ampleur du désastre de l'intervention militaire israélienne, arrêtons de parler de terrorisme, parlons de résistance, de défense, de combat contre l'occupant qui vole nos terres depuis 60 ans, avec des moyens qui ne sont rien face à la force de frappe israélienne qui tue tout ce qui bouge à Gaza avec la connivence de beaucoup de puissances étrangères, dont de nombreux pays arabes !

Ces dernières semaines, la bande de Gaza a connu l'insupportable, la machine de guerre israélienne ne cessant de semer la terreur, la destruction et la mort partout, en démolissant presque tout ce qui est essentiel pour la vie d'un être humain vivant à Gaza.

Image retirée.

Plus de 30 grandes usines des produits alimentaires et productives ont été bombardées en Palestine. Elles fournissaient 70 % de la population de la bande de Gaza et employaient 130 000 ouvriers qui se retrouvent aujourd'hui au chômage. Toujours dans le secteur économique, le monde de la pêche a aussi été extrêmement touché. Comme l'a annoncé le capitaine des pêcheurs à Gaza, 90% des infrastructures de ce secteur ont été touchées, suite au bombardement des bateaux et des Harbour des pêcheurs à la plage. Ceux-là aussi sont maintenant au chômage. Et du côté des agriculteurs, ce n'est pas mieux : l'organisation de l'alimentation et de l'agriculture des Nations Unies a mentionné qu'environ 17 000 hectares des terres agricoles ont été endommagées par des bombardements, alors même que 19 000 citoyens palestiniens comptent sur l'agriculture pour vivre, tandis que 6 000 dépendent de l'élevage des bétails, 4 000 vivant de la pêche...

Tout cela témoigne d'une intention délibérée de détruire l'infrastructure de la bande de Gaza et de renvoyer ainsi la vie des gazaouis au Moyen-Age. Après s'être alourdi de minute en minute, le bilan final de cette guerre s'élève à plus de 2 150 morts, plus de 11 100 blessés et plus de 10 700 maisons et mosquées détruites, sans parler des associations humanitaires, des institutions civiles, éducatives, culturelles, des hôpitaux, des écoles et des tours résidentielles...

Les chiffres et les bilans sont effrayants à Gaza, où tout peut mourir, brûler, être bombardé. L'être humain, les pierres et les arbres, tout doit subir ce traitement à Gaza pour certains ! Mais la volonté, l'espoir, la dignité, le courage, et la résistance au quotidien des gazaouis ne mourront jamais, nous les garderons jusqu'à notre dernier souffle.

Épilogue : après la mort, la destruction et toutes les pertes de cette guerre macabre, qui s'est déchaînée avant le cessez-le-feu actuel, nous attendons beaucoup de la suite des négociations avec Israël, pour qu'elles garantissent les droits du peuple palestinien. Ce peuple mérite la vie, ce peuple mérite la joie, malgré tout, malgré la douleur, malgré le sang.

Gaza résiste, Gaza a triomphé, le peuple palestinien a triomphé.

Amitié de Gaza la victoire.

Riad Rashwan,

Diplômé du département de français à l'université Al Aqsa – Gaza.