En Égypte, l’histoire des religions se raconte par les monuments

Si vous êtes de passage au Caire, vous devriez (absolument) visiter le « complexe religieux » ; un ensemble d’édifices représentant les trois religions monothéistes. Ce dernier témoigne de leur ancienneté et de leur importance. 

 

Moise, Jésus, Mohammed… Tous ont été de passage en Égypte, le pays qui fut autrefois celui des Pharaons. Dans les rues du Caire et dans chacun de ses quartiers (ou presque) sont construites des églises et des mosquées. Rien d’étonnant. La république égyptienne accueille la plus grande communauté chrétienne dans le monde arabe. Et, d’après les chiffres officiels, 95 % de sa population est musulmane. Mais rien n’empêche chrétiens et musulmans de cohabiter ensemble paisiblement. Il faut dire qu’ils vivent en harmonie depuis des centaines d’années et ce n’est pas prêt de changer (même si des groupes extrémistes tentent de détruire cette cohésion). En témoigne, ce complexe religieux situé dans le Vieux-Caire et qui relate le lien qu’ont les trois religions monothéistes avec l’Égypte. 

 

Un endroit incontournable

 

La visite commence par la fabuleuse mosquée d’Amr Ibn Al-As, un des compagnons du prophète Mohammed. Et surtout, il est le général qui a introduit l’islam au pays des Pharaons au VIIe siècle. Elle a été construite en 642. Sa particularité ? Elle est le premier édifice musulman a été construit dans le continent africain. À l’époque, sa toiture était couverte de palmes. Ses piliers étaient des troncs de palmiers. Et son sol était recouvert de terre crue. Depuis, elle a été rénovée à huit reprises. Aujourd’hui, on retrouve à travers le bâtiment différents éléments issus de plusieurs époques distinctes. Ce lieu témoigne de la présence des musulmans depuis bien longtemps. Et c’est une mine d’or pour les passionnés d’histoire car il révèle l’existence de plusieurs dynasties à travers les matériaux utilisés en fonction des ères. 

 

Jésus au Caire 

 

À quelques pas de la mosquée, après avoir franchi le barrage des forces armées, on observe un ensemble d’églises. Toutes sont historiques. Il y a celle qu’on nomme St-Serge ou Abou-Serga en hommage à un soldat égyptien du même nom. Selon l’histoire, Jésus et sa mère, la vierge Marie auraient résidé au sein de cet édifice lorsqu’ils ont fui la persécution du roi Hérode. À cette occasion, chaque premier juin (date de l’entrée de la Sainte famille en Égypte), les Coptes se rendent à cette église pour assister à une messe en leur honneur. À l’intérieur, on peut même voir le puits dans lequel ils auraient bu. Et la crypte dans laquelle ils ont vécu. 

On découvre également dans ce complexe, la fameuse « Église Suspendue » connue également sous l’appellation Sainte-Marie. Elle a été construite sur les ruines de la forteresse romaine de Babylone d’Égypte entre le cinquième et le sixième siècle. On y retrouve pas moins de 110 icônes différentes. Elle a été restaurée à plusieurs reprises. La dernière est toute récente. Les travaux débutés en 1998 ont été achevés en 2014 après 16 ans de dur labeur. La rénovation a couté plus de 5 millions d’euros à l’État. Pour l’ancien Premier ministre, Ibrahim Mahlab c’était une nécessité : « L’Église suspendue est un monument cher non seulement pour les coptes, mais aussi pour tous les Égyptiens ».

 

Le puits de Moïse 

 

Au détour d’une ruelle du complexe, un grand portail interpelle l’oeil du visiteur, c’est celui de la synagogue Ben Ezra. Son architecture est unique : un mélange de style chrétien, d’arabesque islamique et d’ornements juifs. Selon le guide, la fille du pharaon aurait recueilli Moise dans un puits près du bâtiment religieux. Le prophète aurait grandi dans ce même lieu. Ce temple témoigne de la présence de la communauté juive dans le pays. Cette synagogue serait la plus ancienne du monde. Elle a été édifiée sous le règne du roi babylonien Nabuchodonosor. Aujourd’hui, les fidèles ont quitté le pays, au Caire, il ne reste plus que deux lieux de culte juifs dont celui de Ben Azra.