Algérie. Condamnation de Christophe Gleizes: un verdict qui refroidit les espoirs de détente
La cour d’appel d’Alger a alourdi la peine du journaliste sportif français Christophe Gleizes, condamné à sept ans de prison ferme pour apologie du terrorisme. Une décision qui surprend et attriste, alors que beaucoup imaginaient une issue plus clémente dans le contexte d’un relatif apaisement diplomatique entre Paris et Alger.
La nouvelle est tombée comme un coup de massue. Christophe Gleizes, journaliste français incarcéré en Algérie depuis plusieurs mois, a vu sa peine portée à sept ans de prison par la cour d’appel d’Alger. Une issue d’autant plus douloureuse que nombre d’observateurs, diplomates et défenseurs des droits humains anticipaient un verdict plus clément. Le récent dégel entre la France et l’Algérie, renforcé par la grâce accordée il y a peu à l’écrivain Boualem Sansal, nourrissait l’espoir d’un geste similaire en faveur du reporter.
Cette attente s’expliquait d’autant plus que l’enquête n’a jamais établi de manière certaine que Christophe Gleizes entretiendrait des liens avec des membres du Mouvement autonomiste kabyle (MAK), organisation illégale en Algérie et particulièrement surveillée par les services de sécurité. Arrêté lors d’un séjour de reportage, le journaliste a toujours nié toute intention politique ou tout contact avec des militants du mouvement. Ses proches, comme ses avocats, décrivent un professionnel venu documenter des réalités sociales et culturelles locales, non un acteur engagé dans un quelconque agenda séparatiste.
Pourtant, à l’heure du verdict en appel, c’est un tout autre signal qu’ont choisi d’envoyer les autorités judiciaires algériennes. En alourdissant la peine, elles ont fait montre d’une fermeté qui dépasse le seul cadre du cas Gleizes et semble s’inscrire dans un message plus large, visant à rappeler la ligne rouge tracée autour du MAK, de son influence et de ses réseaux supposés.
Un message politique, mais une décision judiciaire qui n’exclut pas la grâce
À Alger, la lutte contre le MAK demeure un enjeu central. Les autorités accusent régulièrement le mouvement de déstabilisation, voire de collusion avec des puissances étrangères, et répriment fermement toute forme de soutien direct ou indirect à son égard. Dans ce contexte, même l’ombre d’un soupçon suffit parfois à durcir l’appareil judiciaire. Beaucoup d’analystes estiment ainsi que la condamnation de Christophe Gleizes relève moins d’éléments probants que d’une volonté politique d’adresser un avertissement clair : la moindre proximité, même perçue, avec la cause autonomiste kabyle ne sera tolérée, pas plus pour les citoyens algériens que pour les étrangers.
Mais cette sévérité ne clôt pas pour autant toutes les perspectives. Si la décision est une décision de justice — et doit être reconnue comme telle —, rien n’interdit qu’une mesure présidentielle intervienne ultérieurement. En Algérie, la grâce demeure un instrument régulièrement utilisé dans des dossiers sensibles, parfois pour des raisons humanitaires, parfois pour faciliter des rapprochements diplomatiques. Le cas Gleizes pourrait entrer dans cette catégorie, surtout si la dynamique de détente entre Paris et Alger se confirme dans les mois à venir.
Pour l’heure, toutefois, la déception domine. L’issue positive que beaucoup espéraient, portée par le précédent Sansal et les signaux d’ouverture observés ces derniers temps, s'est brusquement éloignée. Les soutiens du journaliste redoutent désormais un enlisement, tandis que les chancelleries tentent de reprendre la main sur un dossier devenu hautement symbolique. Christophe Gleizes demeure incarcéré, dans l’attente d’un éventuel geste politique qui, seul, pourrait inverser la tendance.
Triste nouvelle, donc, pour ceux qui espéraient voir s’affirmer une Algérie plus souple à l’égard des voix extérieures, et un nouveau pas vers la normalisation des relations franco-algériennes. Le verdict rappelle que, derrière les sourires diplomatiques, les tensions politiques internes continuent d’imposer leur rythme. Et que, dans cette affaire, le destin d’un journaliste reste suspendu à un équilibre toujours incertain entre justice, sécurité et diplomatie.