ÉDITO. France : meurtre raciste à Puget-sur-Argens, le bras armé des apprentis sorciers

ÉDITO. France : meurtre raciste à Puget-sur-Argens, le bras armé des apprentis sorciers

C’est un signal rouge qui clignote au fronton de la République. Le meurtre de Puget-sur-Argens, dans le Var, confirme que le poison du racisme a bel et bien infiltré la société française, au point d’ôter la vie. Le nom d’Hichem Miraoui, 46 ans, est une tache indélébile sur la conscience de tous ces bavards bien mis qui courent les plateaux de télévision pour y déverser des mots de plomb, de ces hommes politiques qui se répandent en slogans d’une idéologie pernicieuse. Tous ces artisans de la haine, carburant de la médiocrité, de la bêtise, de l’imbécillité et de l’ignorance, sources insoupçonnées d’animosité meurtrière.

Christophe B., 53 ans, a ouvert le feu dans la nuit du 31 mai. Pourquoi ? Parce qu’Hichem était arabe. Parce qu’il était musulman. Parce que l’assassin avait décidé qu’il ne devait plus vivre. Et parce que cet assassin baignait dans une atmosphère qui suggérait sournoisement cet acte épouvantable. Il ne sommeillait pas sur une île déserte. Il s’est d’ailleurs empressé d’envoyer des signaux à ses compatriotes : dans deux vidéos glaçantes, armes en main, il a revendiqué son crime, appelant « les Français » à « reprendre leur pays », et s’est réclamé sans détour du Rassemblement National et de Jean-Marie Le Pen. Ce n’est pas un accès de folie. Ce n’est pas un geste isolé. C’est un acte idéologique. C’est du terrorisme d’extrême droite.

Rappelons que dans le Var, département sous influence de ce camp politique, où le vote identitaire a depuis longtemps imprégné les urnes et les esprits, le meurtre d’Hichem Miraoui n’a rien de surprenant. Il est l’aboutissement logique d’années de stigmatisation, d’amalgames et de propagande xénophobe.

Rappelons que dans les premières heures qui ont suivi, le silence a pesé. Silence des grands médias. Silence gêné d’une partie de la classe politique. Comme si reconnaître la nature réelle de ce crime forçait à ouvrir les yeux sur ce que l’on a laissé prospérer : une parole raciste décomplexée, une extrême droite banalisée, des discours de haine recyclés en promesses électorales.

Certains médias et politiques jouent avec les braises. Christophe B. était l’un des bras armés de ces apprentis sorciers.