Les deux jeunes ont été arrêtés le 17 mai par une brigade antiterroriste à la frontière libyenne

Tunisie: deux Libyens appartenant à Al Qaida au Maghreb islamique jugés pour le meurtre d'officiers

Deux Libyens ayant séjourné en Algérie dans le maquis d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) poursuivis pour "meurtre avec préméditation" de deux officiers comparaissaient samedi 9 mai devant la justice militaire.

Hafedh Dhabaa et Nabil Youssef étaient jugés en même temps que quatre coaccusés en fuite, --un Tunisien et trois Algériens--, pour l'assassinat du colonel Tahar Ayari et du capitaine Walid Hajji au cours d'un échange de tirs avec un groupe armé le 18 mai 2011 à Rouhia, à 200 km au nord-ouest de Tunis.

Leur procès s'était d'abord ouvert au Kef (nord-ouest) en novembre 2011 avant d'être porté devant le Tribunal militaire permanent de Tunis, qui examine l'affaire depuis le 26 mai.

Peu avant l'audience, deux kalachnikov, des munitions, des produits servant à la fabrication d'explosifs, ainsi que des passeports et un coran ont été exposés devant la presse, autorisée à filmer.

Les deux prévenus ont nié avoir transporté les armes saisies ou participé aux accrochages armés, qui avaient fait deux morts parmi les assaillants. Ils ont cependant reconnu être entrés en Tunisie avec des passeports libyens non valides.

Venant d'Algérie, les deux jeunes avaient franchi la frontière tunisienne dans la région montagneuse de Kasserine (sud-ouest) pour regagner la Libye, après avoir séjourné dans les maquis d'Aqmi depuis 2006 dans l'intention de se rendre en Irak.

Interrogés durant 7 jours assis sur une chaise et dénudés...

Ils ont été arrêtés le 17 mai par une brigade antiterroriste à Tataouine (extrême sud tunisien, à la frontière libyenne) un jour avant l'accrochage armé de Rouhia.

"Ils n'avaient ni armes, ni de munitions, ni plan d'attaques au moment de leur arrestation", a plaidé l'avocat des deux ressortissants libyens Me Mohamed Jmour, qui a demandé l'acquittement.

"La Tunisie était l'unique point de passage terrestre pour les deux Libyens qui souhaitaient se joindre à leurs compatriotes en guerre contre le régime de l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi", a plaidé Me Jmour.

"Ces jeunes avaient été emprisonnés par Kadhafi et ont fui la dictature pour aller combattre l'occupation en Irak. Je suis convaincu de leur innocence" a-t-il déclaré, cité par l'AFP.

Il a déploré que la justice n'ait "pas jugé utile de faire procéder à des analyses balistiques et d'empreintes" qui auraient profité à ses clients.

Le procureur a requis "l'application de la sanction extrême" (peine de mort) aux cinq accusés qui se sont fait remettre en Algérie des armes et de l'argent par leur émir avant d'entrer en Tunisie".

"Durant leurs interrogatoires, les accusés ont reconnu avoir été entraîné aux armes, ce qui prouve leur participation au meurtre", selon lui.

Citant ses deux clients, Me Jmour a par ailleurs fait état de torture. Les accusés ont été interrogés durant sept jours, assis sur un chaise et complètement dénudés et torturés aux électrochocs, a indiqué Taha Shakshuki, l'un des délégués qui a rendu visite aux prisonniers, rapporte l'AFP.