Comment les médias arabes tentent de lutter contre le terrorisme ?

Comment les médias arabes tentent de lutter contre le terrorisme?

Depuis quelques années, les médias arabes sont sur le front concernant la lutte contre le terrorisme. Ils essaient de déconstruire la propagande de Daesh à travers des séries télévisées mais aussi des clips musicaux. Explications.

Cette année, la chaine saoudienne basée à Londres -MBC- a décidé d’attaquer fort en diffusant une série intitulée « Gharabib Soud » , qui veut dire noir intense, durant le mois de ramadan. Ce feuilleton veut retracer la vie des combattants de Daesh. Une manière de dire aux jeunes séduits par le groupe terroriste : « voilà à quoi il faut s’attendre si vous décidiez de les rejoindre ». Contacté par l’AFP, le directeur-général de la société de production, Fadi Ismaïl a déclaré : « les médias arabes ne pouvaient rester les bras croisés face à la machine de propagande des groupes islamistes ». 

Le vrai Islam en opposition aux djihadistes  

Basée sur des faits réels et sur des témoignages d’anciens membres du groupe, la série se veut didactique. Son objectif est de montrer, sans tabou, la réalité de cette organisation qui détourne l’islam afin d’assouvir leurs besoins. "Nous avons voulu reproduire des faits réels qui touchent les téléspectateurs et reflètent le visage hideux du terrorisme », a expliqué le porte parole du groupe MBC à l’AFP, Mazen Hayek. Certains extraits opposent volontairement l’islam, le « vrai », et celui véhiculé par les djihadistes. 

La production a voulu mettre en scène les méthodes utilisées par le groupe terroriste pour attirer des adeptes sous couvert de la religion. Le feuilleton appuie surtout sur le rôle des femmes au sein de l’organisation. On apprend que la plupart d’entre-elle rejoigne Daesh principalement pour des raisons financières. D’autres, le font pour trouver « l’amour » ou pour tenter une nouvelle aventure. Mais on apprend surtout qu’elles sont toutes en quête d’identité sociale et d’estime. Comme si, elles n’avaient pas trouvé leur place au sein de la société dans laquelle elles vivaient. 

Déconstructions

Mais ce n’est pas tout. A travers celle-ci, on découvre comment les « chefs » parviennent à recruter de nouveaux membres sur les réseaux sociaux et quels sont leurs arguments. Une technique de « lavage de cerveau » bien rodée. Mais on assiste aussi à des scènes d’exécutions insoutenables. A propos de ces extraits, Fadi Ismaïl a son explication : « les scènes choquantes de la série télévisée peuvent attirer ou révulser le téléspectateur mais sans jamais le laisser indifférent ». 

Autre fait notable, dans le feuilleton, les acteurs sont issus d’au moins sept pays arabes différents. Une façon de dire que les membres de Daesh ne sont pas uniquement syriens ou irakiens. Et que ce n’est pas un problème lié à ces deux pays. La production n’a rien laissé au hasard. D’après le Huffpostmaghreb, la production du film a couté la bagatelle de 10 millions de dollars.

Cette année aussi, l’entreprise de télé-communication saoudienne « Zain » a produit un clip pour dénoncer la propagande de Daesh qui a créé le « buzz ». Il a été visionné des millions de fois en quelques heures.Mais, la télévision arabe n’est pas à son premier coup d’essai. En 2014, une série irakienne avait abordé la question de l’organisation terroriste sous un angle comique.