Jamais des obsèques ne furent aussi populaires populaires et grandioses (DR)

Le peuple d'Alger envahit par milliers le cimetière d'El Kettar: la dernière "refda" du maître

Algérie. Il y a 5 ans disparaissait le chanteur populaire Amar Ezzahi, retour sur des Funérailles historiques.

 

Le cimetière d'El Kettar,sur les hauteurs du quartier de Bab El Oued, a été ce jeudi après-midi, le théâtre d'un déferlement humain sans précédent à l'occasion de l'inhumation du chanteur populaire Amar Ezzahi, décédé la veille. De mémoire d'Algérois, jamais des obsèques ne furent aussi populaires populaires et grandioses.

Bien avant la prière du Dohr, les processions de véhicules et de groupes compacts d'Algérois se rendant au cimetière avait rendu impossible la circulation menant de Bab El Oued vers le cimetière. Dans la matinée,déjà, les rues et venelles du quartier "Rampe Vallée", fief du défunt, étaient noires de ce monde venu pour un recueillement sur le dépouille du chanteur adulé.

On a vu des enfants sangloter...

La circulation est bloquée et Les policiers, pourtant en grand nombre, n'y pouvaient mais. On a vu sur les trottoirs des enfants sangloter et, par centaines, des femmes à leurs fenêtres qui ne voulaient pas être en reste, elles qui, à leurs mariage ou à la circoncision d'un enfant, avaient si souvent ponctué de leurs youyous les notes et les déclamations du maître, leur prodigue voisin .

Quand le corps d'Ezzahi est levé pour être conduit à la mosquée environnante, ce sont ses proches, amis et voisins qui empêcheront le détachement de la police de former un cortège protocolaire. "Amar ne nous pardonnerait pas de déroger à la simplicité et à l'humilité qui auront réglé toute sa vie!".

Pendant qu'on disait la prière du mort à la mosquée archi-comble, des vagues humaines déferlaient de partout vers le cimetière. Dans l'attente, l'émotion n'est pas contenue. Des hommes pleurent à l'évocation des qualités du"cheikh": sa générosité, sa dignité,son humilité, son empathie, une simplicité qui confinait à l'ascétisme dans le même temps où son talent et sa renommée eussent pu lui assurer une existence prospère et cossue.

10.000 personnes au moins...

Vers 13 heures, le cercueil recouvert de l’emblème national accède laborieusement à un cimetière qui refuse des milliers d'hommes pendant que des centaines d'autres continuaient d'affluer. Du jamais vu, un déferlement, un engouement aurais-je osé n'était la circonstance,de masses d'hommes qui savent assurément quel autre homme ils accompagnent pour la dernière fois.

10 000 personnes, au moins, étaient là, qui ont gratifié à leur tour d'une d'une dernière "refda"(*) celui qui leur en a entonné sans compter. Au propre comme au figuré!

Noureddine Fethani

(*)entrée musicale , dans le jargon du genre chaabi