Israël a approuvé les vaccins contre le coronavirus pour les enfants de moins de 11 ans.

Israël : les enfants devront aussi se faire vacciner

Israël a approuvé mercredi 10 novembre les vaccins contre le coronavirus pour les enfants de moins de 11 ans. Selon les experts, une longue bataille reste à mener pour convaincre les parents de les accepter.

Les premières livraisons de ces vaccins spécialisés devraient arriver en Israël la semaine prochaine, selon les médias hébraïques. La décision a été annoncée lors d'une conférence de presse du ministère de la Santé, après que 73 des 75 experts médicaux d'un panel gouvernemental aient voté en faveur de cette mesure.

"C'est une décision très importante pour un vaccin très sûr", a déclaré le professeur Nadav Davidovitch, épidémiologiste, au Times of Israel...Au vu des résultats de l'étude Pfizer, nous nous attendons à des niveaux d'effets secondaires minimes. Si nous comparons l'alternative de l'infection naturelle, nous nous sentons assez confiants en ce qui concerne les vaccins pour les enfants."


Une campagne de vaccination qui s’annonce d’ores et déjà difficile

Les épidémiologistes locaux annoncent que la moitié des parents n’accepteront pas que leur enfant se fasse vacciner. À ce propos, un expert de la santé, Jumanah Essa-Hadad, chercheuse associée à la faculté de médecine de l’université de Bar Ilan, a déclaré que la campagne de vaccination des enfants se révélera "très difficile". "Il y a des parents qui étaient tout à fait disposés à se faire vacciner, mais qui hésitent avec leurs enfants parce que c'est tellement nouveau et parce qu'ils ont pu eux-mêmes ressentir des effets secondaires", a déclaré Mme Essa-Hadad.

Le même son de cloche est émis par Nadav Davidovitch, haut responsable de l’association des médecins de santé publique israélienne, qui craint que les habitudes de vaccination n'ouvrent un "fossé du coronavirus" dans le pays, les familles les plus riches, qui sont souvent plus ouvertes aux soins de santé préventifs, vaccinant leurs enfants à des taux bien plus élevés que les familles plus pauvres. Cela conduirait, lors des prochaines vagues, à des taux de coronavirus exagérés chez les enfants - et par extension chez les adultes - dans les zones à faible statut socio-économique.: 

"Nous devons veiller à ce qu'il n'y ait pas de lacunes dans la vaccination, ce qui pourrait entraîner des lacunes dans la maladie à l'avenir...Le COVID n'est pas terminé et lorsqu'il y a des cas, nous ne voulons pas qu'ils soient concentrés parmi les pauvres. Si nous attendons simplement que les gens se fassent vacciner, cela pourrait arriver, comme nous l'avons vu lors de la campagne de rappel, nous devons donc être actifs pour nous assurer que cela ne se produise pas."

Un contexte social handicapant

Le corpus social israélien peut générer certaines difficultés pour l’application de certaines mesures sanitaires tant les différences socio-économiques coïncident souvent avec l'origine communautaire. Les communautés juives ultra-orthodoxes et les communautés arabes sont en moyenne plus pauvres et ont montré plus d'hésitation à l'égard des vaccins COVID-19 que les autres groupes, bien que les niveaux de vaccination arabes aient augmenté de façon spectaculaire au cours des derniers mois. "Je m'attends à ce que les ultra-orthodoxes soient hésitants et aient les taux les plus bas de vaccination des enfants par le COVID", a déclaré M. Essa-Hadad, qui est aussi expert en vaccinations infantiles et chercheur principal du projet RIVER, financé par l'UE, qui vise à réduire les inégalités dans l'adoption des vaccins.

La communauté arabe entretient une relation complexe avec les vaccins pour enfants en général. Essa-Hadad, qui est arabe, estime qu’environ 96 % des parents arabes acceptent que leurs enfants reçoivent le vaccin contre le virus du papillome humain (VPH), un bon indicateur du niveau général de vaccination des enfants. En revanche, la spécialiste note que "le fait que le vaccin contre le coronavirus ait déjà été reçu par des enfants en Amérique ne fera pas changer d'avis les parents, car il n'a pas été administré depuis assez longtemps." Ajoutant que dans toutes les communautés, de fortes campagnes et des initiatives d'éducation, seront la clé de l'acceptation.

La vaccination pour les moins de 12 ans, où en est la France ?

L'approbation israélienne est intervenue quelques jours après que la Food and Drug Administration américaine a autorisé le vaccin pour la tranche d'âge 5-11 ans, ouvrant ainsi la voie aux États-Unis pour commencer à vacciner les enfants plus jeunes. Une étude de Pfizer portant sur 2 268 enfants a montré que le vaccin était efficace à près de 91 % pour prévenir les infections symptomatiques par le COVID-19. La Food and Drug Administration américaine a étudié les injections chez 3 100 enfants vaccinés et a conclu que les injections étaient sûres.
En France, chaque jour apporte son lot de contamination dans les classes scolaires de bas âge. En Gironde, six cas avérés ont été détectés en début de semaine. L'établissement a dû fermer ses portes jusqu'à jeudi prochain. C'est l'annonce de l'ARS Nouvelle-Aquitaine ce dimanche, à la veille du retour du masque obligatoire dans les écoles. Par ailleurs, la région Nouvelle-Aquitaine subit ces derniers jours un regain de l'épidémie, avec une hausse de 14% de nouveaux cas enregistrés en une semaine. Malgré un taux de vaccination élevé, la région voit son taux d'incidence grimper de 52% depuis la semaine passée.
Néanmoins, malgré l’émulation internationale pour la vaccination des moins de 12 ans et la hausse des contaminations en métropole, le ministre de la Santé, Olivier Veran, a clairement signalé, lors de son passage sur TF1, mercredi passé, qu’une éventuelle campagne de vaccination des plus jeunes en France ne débuterait pas avant la fin de l’année au plus tôt.