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Edito: Au Maghreb et en Afrique, nous sommes tous des Tunisiens !

Ben Ali parti de façon lamentable, après un bain de sang, l’expression est lâchée, qui prend place dans les discussions et imprègne les esprits : l’effet domino… Autrement dit, une réplique du séisme tunisien dans le reste du Maghreb et les pays arabes est-elle probable ? D’aucuns peuvent estimer que l’heure n’est pas encore venue de se poser la question. Qu’il faut attendre les développements de l’après Ben Ali, encore plongés dans une grande incertitude.

Certes, la prise du pouvoir, pour le moins improvisée, par le Premier ministre de bonne réputation, laisse encore la porte grande ouverte à toutes les tentations. On ne connaît pas avec exactitude le rôle joué par l’armée, l’attitude envisagée par la redoutable police subitement privée de son premier patron, et les rapports de force internes au pouvoir, fut-il en déclin. Tous les dérapages sont encore possible, d’autant plus que le pays est désormais sous état d’urgence.

Qu’à cela ne tienne ! Malgré ce brouillard, il est un fait incontestable qui donne sûrement à réfléchir aux potentats régnant d’une main de fer au Maghreb et en Afrique, avec des simulacres de démocratie, sous le regard très complaisant de nombre de pays occidentaux aux intérêts bien compris : le peuple tunisien vient de soulever une montagne, de réaliser le formidable exploit de mettre en fuite un homme qui était encore tout puissant il y a tout juste quelques jours. Un homme qui pensait encore que sa seule parole, accompagnée d’une poignée de promesses et du sacrifice de quelques personnalités pour la forme pouvait faire l’affaire, comme par un pouvoir surnaturel. «Il a gardé dans ses gênes le réflexe du super flic qui veut tout contrôler et qui veut avoir tout sur tout», décrit Antoine Besbous, directeur de l’observatoire des pays arabes.

Et pourtant ! Aussi puissant fut-il, Ben Ali a fini par chuter à une vitesse vertigineuse, prenant de cours les observateurs les plus avisés. Bien malin qui aurait pu prévoir cette dégringolade digne d’une fiction politique.

Alors, disons-le tout net, un message est passé de Tunis, à Alger, Rabat, Tripoli, Amman, Damas, le Caire, Sana’ a… qui apporte une formidable bouffée de courage et d’espoir, qui donne par l’exemple la force de dire basta ! Basta au règne sans partage d’une minorité, à la corruption et à la gabegie, à l’asphyxie des libertés individuelles et collectives, à la gangrène de la corruption, aux élections truquées, aux pratiques tribales, aux magouilles entretenues avec les nids d’intégristes islamistes… Basta !  Il faut y croire : le soleil s’est levé en Tunisie, le vent va souffler sur le Maghreb et l’Afrique.

Nous sommes tous des Tunisiens !