Piratage du ministère de l'Intérieur : 16 millions de Français menacés par une fuite de données
Le ministère de l'Intérieur français fait face à une cyberattaque d'ampleur. Dans la nuit du 11 au 12 décembre, des hackers ont réussi à s'introduire dans les systèmes informatiques de Beauvau. Les opérateurs de BreachForums, que l'on croyait démantelé, revendiquent l'attaque et menacent de diffuser les données personnelles de 16,4 millions de Français si leurs exigences ne sont pas satisfaites sous 48 heures. Une fuite qui pourrait s'avérer « sans précédent ».
L'offensive a été révélée samedi 13 décembre à 18 heures, lorsqu'un message signé « Indra » est apparu sur le forum BreachForums. L'administrateur y pointe directement les autorités françaises, évoquant les arrestations de l'été dernier comme motif de vengeance. Selon lui, le groupe a « pleinement compromis » le ministère français de l'Intérieur et aurait également pénétré les systèmes de la Direction générale des Finances publiques (DGFIP) et de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV).
Les cybercriminels affirment avoir accédé à deux fichiers particulièrement sensibles : le TAJ (traitement des antécédents judiciaires) et le FPR (fichier des personnes recherchées), ainsi qu'à des courriels internes. De son côté, le ministère de l'Intérieur a confirmé que l'attaque avait visé les serveurs de messagerie via un service local situé en Charente-Maritime, relevant de la police ou de la gendarmerie. Les hackers auraient eu accès à des « applicatifs métiers », c'est-à-dire des outils et logiciels internes.
Un ultimatum de 48 heures
Lundi, la pression s'est intensifiée. L'ultimatum initial d'une semaine a été ramené à 48 heures. Les cybercriminels exigent une prise de contact, faute de quoi ils activeront l'une de leurs deux options : revendre le butin à d'autres groupes malveillants ou à des États intéressés, ou orchestrer une « fuite publique complète » des données dérobées.
Le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez a confirmé l'attaque tout en assurant qu'aucune compromission « grave » de fichiers n'avait été détectée à ce stade. Une enquête a été ouverte, le procureur de Paris et la CNIL ont été saisis. Toutefois, des doutes subsistent quant à la véracité des revendications. Sur les réseaux sociaux, l'analyste Aurea souligne qu'« aucune preuve publique – échantillons de données – n'a été diffusée ». Dans l'univers des cyberattaques, l'absence d'échantillon pour crédibiliser les revendications interroge toujours. Reste que la menace est prise au sérieux par les autorités, conscientes des conséquences potentiellement catastrophiques d'une telle fuite pour des millions de citoyens.