CAN 2025 : au Maroc, l’Algérie veut croire en sa renaissance
À quelques mois du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations 2025 organisée au Maroc, l’équipe d’Algérie aborde le tournoi avec un optimisme mesuré. Entre la mémoire des échecs récents et l’envie de revanche, les Verts voient dans ce voisinage symbolique un terrain favorable à leur reconquête.
Sous le ciel encore clément de Rabat, l’Algérie retrouve le parfum de la compétition continentale avec un sentiment mêlé d’espoir et de prudence. Après deux éliminations précoces en 2021 et 2023, la sélection dirigée par Vladimir Petković semble avoir retrouvé des bases solides. « Cette fois, nous arrivons avec un équilibre plus clair, une jeunesse qui monte et une expérience qui parle », confiait récemment Farès Chaïbi, le milieu de terrain de l’Eintracht Francfort, à l’agence Reuters.
Pour les supporters algériens, la tenue de cette Coupe d’Afrique au Maroc n’est pas anodine. Les deux nations partagent bien plus qu’une frontière : une histoire footballistique marquée par des rivalités, mais aussi par une culture du jeu et une passion populaire inégalées. « Jouer ici, ce sera comme jouer à la maison », glisse un membre du staff, conscient du poids symbolique de cette proximité. L’équipe espère aussi bénéficier d’un soutien massif de la diaspora installée au Maghreb et en Europe, nombreux à envisager le déplacement pour ce tournoi prometteur.
Une préparation méticuleuse et une revanche à prendre
Depuis plusieurs mois, la Fédération algérienne a investi lourdement dans la préparation : matchs amicaux contre des sélections d’Afrique de l’Ouest, stage en altitude, réorganisation du staff médical. Les blessures de cadres comme Bennacer ou Bensebaïni, longtemps sources d’inquiétude, semblent désormais derrière eux. Petković, arrivé discrètement après le départ mouvementé de Djamel Belmadi, impose peu à peu sa méthode. Moins émotionnelle, plus rationnelle, mais toujours marquée par une exigence de pressing et d’engagement.
« Le talent ne suffit plus, il faut retrouver une discipline collective », martèle-t-il en conférence de presse. Et les signaux sont encourageants : l’Algérie a récemment battu le Mali (2–0) et le Cameroun (1–0) dans des rencontres amicales maîtrisées, où le collectif a primé sur les individualités.
La CAN 2025 s’annonce comme une épreuve charnière pour cette génération. À 32 ans, Riyad Mahrez, capitaine emblématique, reste une figure tutélaire, mais il sait que la relève est déjà là : Chaïbi, Bouanani, Gouiri… Une jeunesse talentueuse qui, selon la presse algérienne, pourrait marquer un tournant. L’objectif est clair : faire oublier la désillusion du Cameroun et le traumatisme de la non-qualification à la Coupe du monde 2022.
Sur le plan symbolique, le retour sur le sol marocain revêt une dimension presque fraternelle. Les infrastructures flambant neuves de Casablanca et Tanger rappellent la montée en puissance du football nord-africain, désormais à la pointe sur le continent. Dans les tribunes comme sur les pelouses, c’est une vitrine régionale que partagent désormais Marocains, Algériens et Tunisiens, unis par une même passion malgré les rivalités diplomatiques.
Au-delà du sport, cette CAN illustre aussi la vitalité d’un football méditerranéen en pleine mutation. Les sélections maghrébines dominent désormais les compétitions interclubs et exportent leurs talents en Europe. Pour l’Algérie, c’est l’occasion de renouer avec l’histoire glorieuse de 2019, année du dernier sacre, tout en ouvrant une nouvelle ère.
« Nous ne venons pas pour effacer le passé, mais pour construire l’avenir », résume Petković, lucide sur la pression populaire mais convaincu du potentiel de son groupe. À six mois du tournoi, les signaux sont au vert — ou plutôt au vert et blanc.
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