En Syrie, levée des sanctions et frappes américaines : le nouvel équilibre fragile de Damas
Pour la première fois depuis quatorze ans, un vent d’optimisme souffle sur Damas. Les États-Unis ont levé définitivement les sanctions économiques du Caesar Act, tournant une page douloureuse de l’isolement syrien. Mais, paradoxalement, alors que les restrictions tombent, les avions américains continuent de frapper des cibles sur le sol syrien. Et cette fois, le pouvoir syrien n’y voit pas une agression — mais un signal de coopération sécuritaire.
L’économie se rouvre, la guerre contre le terrorisme continue
Les frappes menées mi-décembre par les forces américaines visaient des positions de l’organisation État islamique dans le centre du pays, après la mort de deux soldats américains lors d’une patrouille. Damas, désormais dirigée par le président Ahmed al-Charaa, a publiquement soutenu ces opérations. Une position impensable il y a encore deux ans, sous le régime d’Assad. Le gouvernement syrien a affirmé qu’il « n’y aura plus de sanctuaire pour les groupes terroristes sur le territoire national ».
Cette convergence tactique entre Washington et Damas illustre une nouvelle ère de pragmatisme. Les États-Unis cherchent à stabiliser la Syrie sans y replonger militairement, tandis que le pouvoir syrien voit dans cette coopération une façon de restaurer sa souveraineté et d’attirer des partenaires économiques. La levée des sanctions ouvre la voie à des investissements arabes et asiatiques, mais aussi à une réintégration dans les nouveaux partenariats euro-méditerranéens.
Sur le terrain, la situation reste fragile. Des zones entières du nord sont encore sous contrôle kurde, certaines régions frontalières sont tenues par les Turcs, et la reconstruction reste freinée par le manque d’infrastructures. Pour beaucoup de Syriens, la levée des sanctions est un espoir, mais pas encore un soulagement. « Ce n’est pas la fin de la guerre, c’est juste le début de la survie », confie un commerçant de Homs.
L’administration Trump, à l’origine de la décision, assume cette dualité : apaiser les tensions politiques à long terme tout en frappant les menaces immédiates. Une approche en deux temps, où la diplomatie et la dissuasion militaire avancent côte à côte. À Damas, cette stratégie est perçue comme un test : celui de la sincérité américaine à aider la Syrie à se reconstruire sans bouleverser les équilibres diplomatiques en Méditerranée.