Racisme : les Arabes israéliens refoulés aux portes des abris anti-missiles
Par La rédactionPublié le
« Ce n’est pas pour vous. » Ces mots, crachés à la face d’une mère arabe et de son enfant de cinq ans alors qu’ils cherchaient à s’abriter des missiles iraniens, rapportés par Courrier International, résument toute la logique du régime israélien : l’apartheid jusque dans les sous-sols.
Depuis que l’Iran riposte aux bombardements israéliens par des salves de missiles et de drones, les abris anti-missiles sont pris d’assaut à travers le pays. Mais tous les citoyens ne sont pas logés à la même enseigne. À Acre, à Jaffa, à Ramat Gan ou dans la banlieue de Tel Aviv, des témoignages concordants affluent : des citoyens palestiniens d’Israël, pourtant détenteurs d’une carte d’identité bleue comme leurs voisins juifs, sont refoulés aux portes des bunkers. Motif : ils parlent arabe.
Le racisme autorisé, encouragé, protégé
Ces scènes ne sont pas des dérapages isolés. Elles ne sont pas des incidents exceptionnels liés à la panique. Elles sont le produit d’un système. En Israël, la hiérarchisation des vies humaines est gravée dans la loi. La loi fondamentale de 2018 sur « l’État-nation du peuple juif », portée par Benyamin Netanyahou, a enterré toute prétention à l’égalité. Elle fait de l’hébreu la seule langue officielle, relègue l’arabe au rang de langue tolérée, consacre les colonies juives comme intérêt national et gomme jusqu’à la mention du mot « égalité » dans les textes fondateurs. L’apartheid est ainsi devenu non seulement la pratique de l’État, mais sa norme juridique.
Dans ce contexte, le racisme ne se contente plus d’être ordinaire : il devient autorisé, encouragé, protégé. Les Palestiniens citoyens d’Israël — 2 millions de personnes, soit environ 21 % de la population — vivent au quotidien sous un régime de citoyenneté à deux vitesses. Aujourd’hui, dans le fracas des explosions, cette réalité prend un visage glaçant : celui d’un voisin qui verrouille un bunker à votre nez, celui d’un immeuble où l’on vous crie qu’on ne veut pas « d’Arabes » dans l’abri.
Logique coloniale raciste
La guerre contre l’Iran, déclenchée par Netanyahou le 13 juin, ne fait qu’amplifier une logique coloniale et raciste profondément enracinée. Elle offre une couverture idéale : pendant que le monde regarde les missiles voler entre Téhéran et Tel Aviv, les crimes de guerre à Gaza se poursuivent, méthodiquement.
Le génocide continue à l’ombre des frappes. La famine, les déportations, les bombardements de camps de réfugiés et d’hôpitaux sont toujours là. Et dans le même temps, à l’intérieur des frontières, les Arabes d’Israël, devenus les otages d’un régime ethno-nationaliste, sont exclus du droit de se protéger.
« On s’habitue au racisme quotidien », confie Abed Abu Shehadeh, ancien conseiller municipal de Jaffa, cité par RFI. « Mais ici, cela n’avait jamais été une question de vie ou de mort. Maintenant, c’est le cas. » Ce que révèlent ces témoignages, c’est qu’en Israël, même sous les bombes, la ségrégation persiste. Même face à une menace commune, l’unité nationale s’arrête à la barrière ethnique. Même le droit à la survie est discriminé.
Et que peuvent faire les victimes ? Se plaindre à la police ? Saisir les tribunaux ? Impossible. L’extrême droite aujourd’hui au pouvoir a tissé un filet de protection autour des auteurs de ces actes racistes. Les autorités ferment les yeux, quand elles ne soufflent pas sur les braises. Le racisme n’est pas une faute, c’est une politique d’État. Une politique assumée, proclamée, consolidée.