Plan Grand Froid : en France, la vague de froid met en lumière les sans‑abri face à l’urgence sociale
Alors que les températures plongent sous zéro à l’échelle nationale, les autorités ont activé le « plan Grand Froid », dispositif d’urgence sociale. Face à un froid exceptionnellement intense en fin d’année, la mobilisation institutionnelle s’accompagne d’un cri d’alarme lancé par les associations sur la situation dramatique des personnes vivant dans la rue.
Dans la nuit de dimanche 28 au lundi 29 décembre, la préfecture de Paris et les services de l’État en Île‑de‑France ont déclenché formellement le plan Grand Froid, un ensemble de mesures destinées à protéger les plus vulnérables face à la chute des températures, qui restent négatives la nuit et difficiles durant la journée. Ce dispositif, fondé sur les prévisions de Météo‑France, vise notamment à renforcer l’hébergement d’urgence pour les personnes sans domicile fixe.
Dans la capitale comme ailleurs, le froid persistant a incité à l’activation de ce plan dans une trentaine de départements — une réponse à la baisse significative des thermomètres mais aussi à la pression croissante des associations et de certains élus qui réclamaient son déclenchement depuis plusieurs jours.
Si le plan Grand Froid n’est pas nouveau — il existe depuis les années 1990 et prévoit traditionnellement l’ouverture de places supplémentaires, le renforcement des maraudes sociales et l’extension des horaires d’accueil —, cette activation intervient dans un contexte jugé de plus en plus difficile pour les populations vulnérables.
Un froid « dramatique » pour les sans‑abri
Pour les associations de terrain, cette vague de froid représente bien plus qu’un simple pic météorologique : c’est une situation de survie quotidienne pour des milliers de personnes. Sur les trottoirs parisiens, des équipes de maraude sociale distribuent boissons chaudes, couvertures et informations vers les centres d’hébergement, tout en encourageant les personnes à accepter une place à l’abri — un travail essentiel dans l’urgence hivernale.
« On fait cet effort d’ouvrir toute la journée pour permettre à ces personnes de ne pas rester à la rue. Le plan Grand Froid déclenche des hébergements, mais les personnes sont remises à la rue en journée. Donc l’idée, c’est de leur permettre de trouver un lieu où elles peuvent se reposer », confie Abdelselem Ghazi, directeur général du Secours populaire à Paris.
Pourtant, malgré ces efforts, le froid reste mortel pour certains. En fin d’après‑midi dimanche, le corps d’un homme sans‑abri a été retrouvé sans vie dans le nord‑ouest de Paris, probablement décédé à cause des températures glaciales.
L’activation du plan Grand Froid prévoit notamment l’ouverture de gymnases, de salles municipales ou de chambres d’hôtel réquisitionnées pour héberger les sans‑abri à Paris et en Île‑de‑France, en complément des milliers de places disponibles toute l’année. Au‑delà de l’hébergement, les autorités ont demandé une intensification des maraudes et de la prise en charge des familles avec enfants ou des femmes isolées, un groupe particulièrement vulnérable dans ces conditions météo extrêmes.
Face à la dramatique réalité de la rue, certains acteurs sociaux et élus estiment cependant que le dispositif reste insuffisant et trop tardif, pointant du doigt la nécessité d’une politique plus préventive et structurelle pour lutter contre le sans‑abrisme au‑delà des périodes hivernales.
Dans toute la France, l’épisode de grand froid rappelle amèrement que le thermomètre ne mesure pas seulement les degrés, mais aussi la fragilité des vies exposées au froid, et que l’urgence sociale ne se limite pas à quelques semaines d’hiver.