Algérie 2025-2026 : Entre Résilience Économique et Défis Structurels
L'Algérie aborde l'année 2025 avec une ambition économique renouvelée, portée par des dépenses publiques historiques et une dynamique de croissance hors hydrocarbures prometteuse. Cependant, alors que les perspectives pour 2026 restent positives, le pays doit naviguer entre la nécessité de maintenir la paix sociale via un soutien au pouvoir d'achat et l'impératif de réformes structurelles face à la volatilité persistante des marchés pétroliers. Analyse d'une économie en pleine mutation.
L'année 2025 s'annonce comme un véritable test de résilience pour l'économie algérienne. Avec un budget record de plus de 128 milliards de dollars, la Loi de Finances 2025 marque une volonté claire des pouvoirs publics de soutenir l'activité économique tout en préservant le pouvoir d'achat des ménages. Les indicateurs macroéconomiques, bien que contrastés, dessinent une trajectoire de croissance solide. Le gouvernement table sur une progression du Produit Intérieur Brut (PIB) de 4,5 %, un chiffre légèrement plus optimiste que les prévisions de la Banque Mondiale qui anticipe une croissance de 3,8 %. Ce dynamisme est d'autant plus notable qu'il est principalement tiré par les secteurs hors hydrocarbures, qui devraient croître de plus de 5 %. L'industrie (+6,2 %), l'agriculture (+4,4 %) et le secteur du BTPH (+4,3 %) s'imposent comme les nouveaux moteurs de l'économie nationale, concrétisant progressivement l'objectif de diversification tant recherché.
Cette performance permet à l'Algérie de consolider son statut de puissance économique régionale, avec un PIB nominal estimé entre 278 et 290 milliards de dollars. Toutefois, cette expansion s'accompagne de défis majeurs. Le déficit budgétaire, prévu à un niveau historique de 21,8 % du PIB (soit environ 62 milliards de dollars), soulève des interrogations quant à la soutenabilité des finances publiques à moyen terme. Si ce déficit est pour l'heure financé par l'épargne nationale et les revenus pétroliers, il témoigne du coût élevé de la politique de relance et de redistribution sociale. Parallèlement, la balance commerciale a renoué avec le déficit au premier semestre 2025, sous l'effet conjugué d'une explosion des importations (+24,8 %) destinée à soutenir l'investissement et la consommation, et d'un recul des exportations d'hydrocarbures.
Perspectives 2026 : Une Croissance sous Surveillance
Si 2025 est l'année de l'accélération des dépenses, 2026 pourrait être celle de la consolidation et de la vigilance. Les institutions internationales, FMI et Banque Mondiale en tête, projettent un atterrissage en douceur de la croissance, qui devrait se maintenir autour de 3,5 % à 3,7 %. Cette décélération relative ne remet pas en cause la dynamique positive enclenchée, mais elle souligne la dépendance persistante de l'Algérie aux aléas de la conjoncture mondiale. L'investissement (+13,9 %) et la consommation des ménages (+4,7 %) resteront les principaux piliers de l'activité, soutenus par la poursuite des grands projets d'infrastructures et la mise en œuvre des réformes liées au code de l'investissement.
Le secteur des hydrocarbures, bien que sa part dans le PIB réel tende à diminuer marginalement, demeure la clé de voûte des équilibres financiers du pays. L'Algérie prévoit d'augmenter sa production pour atteindre le seuil d'un million de barils par jour d'ici la mi-2026, conformément aux accords de l'OPEP+, tout en boostant ses exportations gazières. Cependant, cette stratégie de volume se heurte à un effet prix défavorable. Les prévisions pour le baril de Brent en 2026 sont orientées à la baisse, oscillant entre 55 et 60 dollars selon les analystes (Goldman Sachs, AIE). Avec un prix de référence fiscal fixé à 60 dollars, toute chute durable des cours en deçà de ce seuil mettrait sous pression les recettes de l'État et pourrait contraindre le gouvernement à des ajustements budgétaires douloureux.
L'Impératif des Réformes Structurelles
Au-delà des chiffres, l'enjeu pour l'Algérie à l'horizon 2026 réside dans sa capacité à transformer l'essai de la diversification. La baisse attendue de l'inflation, qui devrait converger vers 2,8 % grâce à une politique monétaire prudente et à la stabilité du taux de change, offre une fenêtre d'opportunité pour approfondir les réformes. L'amélioration du climat des affaires, la modernisation du système bancaire et la numérisation de l'administration sont autant de chantiers cruciaux pour stimuler l'investissement privé et réduire la dépendance à la dépense publique.
L'Algérie dispose de fondamentaux solides pour traverser cette période de transition. La résilience affichée par les secteurs hors hydrocarbures est un signal encourageant. Néanmoins, le creusement des déficits jumeaux (budgétaire et courant) et la volatilité des marchés énergétiques appellent à une gestion rigoureuse et à une accélération des réformes structurelles. C'est à ce prix que l'Algérie pourra transformer son potentiel en une croissance durable et inclusive, capable de répondre aux aspirations de sa population et de s'insérer avantageusement dans l'économie mondiale de demain.