Économies du Maghreb en 2026 : bilan 2025 et perspectives pour la région
Quatre pays aux trajectoires distinctes mais liés par une géographie commune. En cette fin 2025, les économies du Maghreb méditerranéen – Maroc, Algérie, Tunisie et Libye – affichent des dynamiques contrastées, chacune avec ses forces et ses défis. Décryptage accessible des grandes tendances économiques de la région et des perspectives pour 2026-2027.
Le Maghreb représente un marché de près de 100 millions d'habitants, avec des économies aux profils complémentaires. Pour comprendre les enjeux, commençons par les chiffres clés qui dessinent le paysage économique actuel.
📊 Croissance du PIB en 2025
Libye : la plus forte croissance du monde arabe
Surprise de l'année : la Libye affiche la plus forte croissance économique du monde arabe en 2025 selon le FMI, avec un bond spectaculaire de +17,3%. Ce rebond s'explique par la reprise de la production pétrolière après les perturbations de 2024 (la production était tombée à cause de blocages politiques). Avec les plus grandes réserves de pétrole d'Afrique pour seulement 7 millions d'habitants, le potentiel libyen reste immense.
L'enjeu demeure l'unification politique et l'organisation d'élections crédibles pour transformer cette manne en développement durable. Selon le rapport FMI Article IV 2025, la croissance du secteur hors-hydrocarbures se maintient autour de 5-6%, soutenue par les dépenses publiques. Les entreprises internationales (Eni, Total, BP) ont repris leurs opérations et signent de nouveaux contrats.
Algérie : croissance solide et position stratégique
Avec un marché de 46 millions d'habitants et le plus grand territoire d'Afrique, l'Algérie affiche une croissance de +3,5% en 2025 selon le FMI. La demande européenne en gaz naturel continue de renforcer sa position de fournisseur stratégique. Les réserves de change dépassent 70 milliards de dollars, assurant une stabilité financière confortable.
Le gouvernement poursuit ses réformes : nouvelle loi sur l'investissement simplifiant les procédures, suppression de la règle 51/49% pour attirer les capitaux étrangers, et avancée des grands projets miniers (fer de Gara Djebilet, phosphates). La croissance hors-hydrocarbures atteint 3,2% selon les données du Trésor français. Le défi majeur reste la création d'emplois pour les jeunes et l'accélération de la diversification industrielle.
Maroc : dynamisme industriel confirmé
Le Maroc enregistre une croissance de +4,4% en 2025 selon le FMI, en accélération par rapport aux 3,8% de 2024. L'industrie automobile et aéronautique tire les exportations, tandis que le tourisme dépasse les 15 millions de visiteurs. Au premier trimestre 2025, l'économie a même affiché +4,8% de croissance selon le Haut-Commissariat au Plan.
Cependant, le royaume fait face à des défis structurels. Le chômage reste élevé (environ 13%), particulièrement chez les jeunes diplômés. Le taux d'activité féminine (19%) demeure parmi les plus bas au monde selon la Banque mondiale. Les inégalités régionales persistent entre le littoral et l'intérieur. Le stress hydrique chronique menace l'agriculture qui emploie encore 30% de la population active.
💡 Le saviez-vous ?
La Tunisie est le 4e exportateur mondial d'huile d'olive. L'Algérie détient les premières réserves de gaz d'Afrique. Le Maroc possède 70% des réserves mondiales de phosphates. La Libye détient les plus grandes réserves de pétrole d'Afrique.
Tunisie : stabilisation en cours
La Tunisie affiche une croissance modeste de +1,4% en 2025, selon le FMI. La dette publique avoisine 80% du PIB et l'inflation se maintient autour de 6% d'après l'Institut National de la Statistique. Le pays continue ses négociations avec les partenaires internationaux pour consolider sa situation financière.
Malgré ces difficultés, la Tunisie dispose d'atouts réels : une main-d'œuvre qualifiée et francophone, des industries exportatrices compétitives (textile technique, composants automobiles, pharmaceutique), un écosystème de startups tech dynamique. Les transferts de la diaspora atteignent des records (plus de 8% du PIB) selon la Banque Centrale de Tunisie. La proximité géographique avec l'Europe reste un avantage compétitif majeur pour les investisseurs cherchant à relocaliser leur production.
🎯 Synthèse comparative 2025
| Pays | Croissance | Atouts | Défis |
|---|---|---|---|
| 🇱🇾 Libye | +17,3% | Pétrole, reconstruction | Unification politique |
| 🇲🇦 Maroc | +4,4% | Industrie, tourisme | Eau, emploi, inégalités |
| 🇩🇿 Algérie | +3,5% | Énergie, marché, réformes | Diversification, emploi |
| 🇹🇳 Tunisie | +1,4% | Capital humain, proximité UE | Dette, croissance |
Sources : FMI, Banque mondiale
En définitive, le Maghreb de 2026 offre un tableau dynamique. La Libye surprend avec la plus forte croissance du monde arabe grâce au rebond pétrolier. Le Maroc maintient son dynamisme industriel. L'Algérie bénéficie d'une conjoncture énergétique favorable. La Tunisie cherche à consolider sa stabilisation. Une intégration économique régionale plus poussée – commerce intra-maghrébin, projets communs d'infrastructure – pourrait démultiplier le potentiel de chaque pays.