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Algérie: les enseignants grévistes matraqués: un syndicaliste s’exprime

Après 40 jours de grève de la faim, les enseignants contractuels algériens qui dénonçaient les modalités de leur intégration ont suspendu leur mouvement à l’approche du mois de Ramadan. Le ministère de l’Education qui s’est montré intransigeant a fini par annoncer quelques « faveurs ». Les contrats pourront être renouvelés à la prochaine rentrée, pour ceux qui le désirent. Les candidats au concours, parmi les grévistes, auront droit à une bonification de cinq points.

Un rassemblement symbolique des enseignants a été réprimé. "Les forces de sécurité ont arrêté 38 professeurs, dont 18 femmes, et matraqué plusieurs d’entre eux", révèle un communiqué du Syndicat Nationnal Autonome des Personnels de l'Administration Publique (Snapap).

Son président, Rachid Malaoui, revient sur le mouvement. Il dénonce des pratiques occultes de favoritisme et de corruption pour l’embauche définitive. Interview.

Médiaterranée : Quelle est exactement la situation des enseignants grévistes de la faim, que revendiquent-ils ?

Rachid Malaoui : Ils veulent tout simplement être intégrés en qualité d’enseignants permanents. C’est un souhait parfaitement légitime, d’autant que certains d’entre eux sont contractuels depuis de longues années.

_. Au ministère de l’Education on laisse entendre qu’ils refusent de passer les épreuves de concours instaurées par les textes, qu’en est-il vraiment ?

R.M : Ce n’est pas exact, les enseignants concernés sont tout à fait disposés à passer un concours. Mais le fait est qu’il ne s’agit pas de concours au sens où on l’entend habituellement. Il s’agit d’une collecte de CV et de leur examen par une commission. On le remet et on attend, sans savoir vraiment sur quoi repose la sélection, quels sont les critères. C’est l’Administration qui décide, tout simplement. Autant dire que c’est la porte ouverte au favoritisme et même, bien entendu, à la corruption. On peut acheter son poste.

_. Comment expliquez-vous l’attitude du ministre, pourquoi ne met-il pas de l’ordre dans cette situation ?

RM : Nous en sommes réduits à penser que les dirigeants du secteur ne veulent pas de transparence, qu’ils préfèrent laisser les choses ainsi dans le flou, ce qui facilite le règne de l’arbitraire. En Algérie, c’est un mode d’exercice du pouvoir. Le tout accompagné du mépris envers les salariés qui protestent. On a même pas daigné recevoir, dialoguer avec les grévistes de la faim.

_. Qu’en est-il du syndicalisme en Algérie, que signifie être un syndicat « autonome » ?

R.M : « Autonome » veut dire que nous nous distinguons de toutes les autres organisations affiliées au pouvoir. Mais notre existence est contestée par ce même pouvoir. Celui-ci a pour principe de rejeter tout mouvement de revendication et notre tâche de syndicalistes est évidemment très difficile à assumer. Nous avons pourtant pour seul objectif de défendre les intérêts des salariés, comme dans toute démocratie digne de ce nom.

_. Dans quel état de santé sont les enseignants grévistes après une quarantaine de jours de Jeun ?

R.M :  Ils ont bien sûr très affaiblis, car nombre d’entre eux ont atteint la limite, mettant gravement leur vie en danger. Le ministre a fait quelques concessions, présentées comme des faveurs suite à l’arrêt de la grève. Mais ce ne sont là que des déclarations. Les enseignants contractuels ne baissent pas la garde pour autant. Le mouvement a été surtout suspendu en raison du mois de Ramadan.

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