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L'Algérie au cœur d'un débat économique : l'État adapte sa stratégie

L'Algérie a récemment été sous les projecteurs après l'annonce, puis le retrait rapide, d'une nouvelle taxe de 4 % sur les échanges avec l'étranger. Cette suite d'événements, orchestrée par le ministère des Finances, a ouvert un large débat sur la marge de manœuvre de l'État, le pouvoir des entreprises privées et les conditions nécessaires au développement de l'économie algérienne à l'international.

Initialement, le gouvernement avait planifié de prélever cette taxe supplémentaire sur les biens entrant et sortant du pays. Cette charge aurait principalement impacté les compagnies maritimes et les transporteurs qui font vivre le commerce algérien. Mais face à la réaction immédiate de ces acteurs essentiels, qui ont alerté sur une hausse des coûts et un risque de ralentissement des approvisionnements, le ministère a fait machine arrière. La raison invoquée : ne pas entraver le commerce international à un moment où l'Algérie cherche justement à s'ouvrir davantage. L'État a donc opté pour une approche pragmatique, évitant un conflit direct avec le secteur privé.

Un revirement logique

Pour bien comprendre cette décision, il faut regarder les fragilités de l'économie algérienne. Le pays importe une grande quantité de produits, allant des biens de consommation aux équipements. Toute hausse des taxes à l'importation se répercuterait directement sur les prix pour les Algériens, ce qui alimenterait l'inflation. De plus, les infrastructures portuaires et logistiques rencontrent déjà des difficultés. Ajouter une taxe aurait pu créer des embouteillages supplémentaires, des retards et décourager certains partenaires commerciaux. Dans ce contexte, renoncer à cette taxe apparaît comme un choix sensé pour ne pas freiner l'activité économique, même si l'État a besoin de nouvelles sources de revenus.

Il serait faux de voir dans ce revirement une victoire des entreprises sur l'État ou un signe de faiblesse. Il s'agit plutôt d'un ajustement réaliste. Le gouvernement a simplement estimé que, pour ne pas casser la dynamique économique, il valait mieux supprimer un obstacle immédiat. En d'autres termes, plutôt que de pénaliser les transporteurs et les importateurs, l'État a choisi de garantir la fluidité des échanges. Cette approche montre une action publique pragmatique, à l'écoute des réalités du terrain, et capable de trouver un équilibre entre besoin de financements et soutien à l'activité.

L'impact sur la logistique et les transports

La simple annonce de la taxe avait provoqué une levée de boucliers chez les compagnies maritimes, des acteurs clés pour le commerce. Les ports comme Alger ou Oran sont vitaux pour le pays. Une taxe de 4 % aurait significativement alourdi le coût du transport de conteneurs et du fret. Dans un environnement déjà complexe, cela aurait pu entraîner des retards et détourner une partie du trafic vers d'autres routes commerciales. Annuler la taxe est donc un geste de bonne gestion économique : éviter un choc dans la chaîne d'approvisionnement à un moment où l'Algérie veut attirer des investissements et moderniser ses infrastructures.

Cet épisode envoie un message clair : l'État algérien garde le contrôle de ses décisions, mais il tient compte des réalités économiques. Le retrait de la taxe montre que, dans un contexte délicat, imposer une mesure punitive sans consultation peut être contre-productif. À l'avenir, toute réforme fiscale touchant au commerce international devra être soigneusement calibrée, discutée avec les professionnels concernés et mise en œuvre après concertation. Le signal est double : pour les investisseurs étrangers, l'Algérie est capable de corriger le tir si nécessaire ; pour les entreprises locales, l'État est à l'écoute, mais reste le seul décideur de la stratégie nationale.

Au-delà de l'annulation d'une taxe, c'est une nouvelle manière de gouverner qui se dessine : un État qui veut agir et se financer, mais sans étouffer les acteurs commerciaux et logistiques qui sont ses relais. Ce n'est pas une capitulation, mais un choix stratégique : lever les obstacles inutiles à la prospérité du pays. Alors que l'Algérie aspire à devenir un pôle d'échanges en Méditerranée, cette décision – et la manière dont elle a été prise – envoie un signal fort d'ouverture, de pragmatisme et de maturité.

 

 

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