Le droit des femmes en Europe : un vaste chantier et de nombreux défis.
L’espace Fnac-forum à Marseille accueillait, jeudi 12 mars, une conférence débat sur le thème : «l'Europe fait elle avancer des droits des femmes?» Une question d'actualité, dans le prolongement de la journée internationale de la femme et à l'approche des élections européennes.
Les domaines sont nombreux, qui permettent de pointer les avancées, de repérer les régressions et d'identifier les enjeux et les défis. Au centre des débats, la question de l'égalité hommes femmes, mais pas seulement. La lutte contre la violence faite aux femmes, la gestion de leur temps de vie, la maternité, leur place dans le monde du travail et dans les institutions politiques, constituent autant de chantiers qui mobilisent des acteurs institutionnels et associatifs.
Quel est l'impact des directives européennes devant la diversité des situations, notamment à la faveur de l'élargissement de l'Institution, comment faire en sorte qu'elles aillent dans le bon sens, qu'elles répondent aux attentes ?
C’est cette vaste mission de lobbying que s'est attribuée une coordination d'associations constituées à travers les 27 états membres et qui travaille en réseau sur différents domaines « représentants l'extrême diversité de vies et d'expériences », résume sa vice-présidente, Martine Lévy.
« Nous travaillons à influencer les institutions européennes et surtout les gouvernements et à faire remonter des informations de façon à orienter les directives européennes. En d'autres termes, nous tentons de faire pression », précise-t-elle.
La coordination associative porte une appréciation plutôt mitigée sur le bilan de l'action européenne. Dans la réalité, «ce n'est pas un franc succès», reconnaît-on. Au chapitre des inégalités, l'écart salarial est en moyenne de 15 %, selon l'association, et beaucoup de progrès restent à faire dans la représentation des femmes au sein des institutions politiques.
L'association « Choisir », créée en 1971 par Simone de Beauvoir et Gisèle Halimi, mêne quant à elle une initiative originale et sans doute nécessaire pour l'harmonisation du droit des femmes en Europe.
Des personnes d'horizons différents ont fouillé durant trois années les « bouquets législatifs » des Etats membres, dressant en fait un vaste panorama des textes appliqués en matière de maternité, de travail, de lutte contre la violence, de parité en politique… L'objectif étant de repérer les dispositions les plus avancées, porteuses de progrès, afin d'en proposer la généralisation sur la base de la "clause de l'européenne la plus favorisée".
Invitées à débattre autour de ces éléments d'information, les représentantes associatives n'ont pas manqué de soulever le triste sort qui est fait au «Planning familial» dont 42 % des subventions ont été sucrées, alors même que l’utilité de cette association a été largement prouvée, notamment pour les publics socialement défavorisés.
Reste enfin une question de fond qui sous-tend inévitablement celle de la condition féminine : «l'Europe promeut un modèle socio-économique qui propose de moins en moins de social. Les catégories les plus en difficulté, et parmi elles les femmes, sont les premières à en pâtir. Comment est-il possible de concilier cette politique avec la volonté de faire avancer les droits des femmes ? » s’interroge, à juste titre, une participante.
*La rencontre était organisée par le bureau d'information pour le Sud du Parlement européen.