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La grève de la faim, un cri de désespoir de plus en plus fréquent au Maghreb

Défendre sa cause au prix de sa vie, se faire violence pour alerter l’opinion, se faire entendre… Tel est le choix courageux mais éprouvant des grévistes de la faim. Une forme de contestation risquée fréquemment adoptée dans les pays du Maghreb, notamment par des détenus, mais pas seulement. 

Au Maroc, des professeurs d'université diplômés en France ont par exemple arrêté de s'alimenter pour demander la reconnaissance de leurs diplômes obtenus à l'étranger, rapporte-t-on sur le site Magharébia.com, dans un article consacré à la grève de la faim dans ce pays.

Mais cette forme de contestation fait tâche d’huile plus particulièrement chez les détenus pour des délits d’opinion. Tel fut le cas au mois de mai du journaliste Mustapha Hormatallah qui demandait sa libération de prison. Des dizaines de prisonniers sarahouis ont fait de même à Ait Melloul et Laayoune, ainsi que des détenus politiques dans les prisons de Kenitra, Salé, Agadir et Tanger pour demander l’amélioration de leurs conditions de vie en détention.

En Algérie, 55 enseignants contractuels qui revendiquaient leur intégration ont suspendu, à la veille du Ramadan, une grève de la faim de 34 jours. Le mouvement a été largement médiatisé. Des médecins ont régulièrement alerté l’opinion sur la dégradation de la santé des grévistes, mais sans pour autant faire réagir le ministère de l’Education. Les concernés, soutenus par un syndicat autonome de la fonction publique, ne désarment pas cependant. Ils entendent renouveler leur revendication après le mois de jeun.

L’administration a accordé quelques mesures de consolation, après la fin de la grève. Reste que ce qui a failli tourner au drame, semble avoir été vite oublié par les médias. Et le compteur va être remis à zéro, si l’épreuve est renouvelée.

En général, du côté le plus fort on a plutôt tendance à penser que les grévistes vont finir par lâcher. Tel est bien sûr souvent le cas, notamment sous l’influence de la famille. La façon de voir les choses se modifie lorsque l’on est à l’article de la mort. Et sans doute est-ce normal que des grévistes qui paraissaient déterminés au début jettent l’éponge après épuisement.

Mais il est des cas où les grévistes de la faim se laissent aller jusqu’au bout du rouleau. Pour trouver de tels exemples, il suffit de fouiller dans l’histoire des prisons marocaines. Entre autre, car la situation est identique dans les autres pays du Maghreb.

Le site Magharébia, revient sur deux exemples "célèbres" des « années de plomb », ceux de Boubker Douraidi et Mustapha Belhouari. Ils avaient entamé une grève de la faim le 4 juillet 1984 pour protester contre leurs difficiles conditions de détention et le manque de soins médicaux. Ils moururent tous les deux deux mois plus tard.

Abdelhaq Chbada, un autre détenu d'opinion, mourut en août 1989, une mois seulement avant la date prévue pour sa libération. En compagnie de trois autres détenus de la prison de Laalou à Rabat, il débuta une grève de la faim en juin 1989 pour protester contre le traitement médical inadapté apporté aux prisonniers qui avaient été torturés. Les trois autres poursuivirent leur mouvement jusqu'en février 1990.

Depuis lors, les choses se sont quelque peu améliorées. Dans les pays Maghrébins en général, le pouvoir n'en continue pas moins à faire la sourde oreille ou à se montrer peu respectueux des Droits de l’Homme. En appeler à la conscience de l’opinion en espérant qu’elle puisse suffisamment peser pour faire pression est souvent le dernier recours. La grève de la faim résonne alors comme un cri de désespoir, devenu hélas de plus en plus fréquent.

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