La société civile marocaine salue l’acquittement du blogueur Mohammed Erraji
Mohammed Erraji était accusé d’avoir écrit un article jugé irrespectueux envers le Roi. Il fut arrêté le 5 septembre, condamné à une peine de deux ans de prison et à une amende de cinq mille dirhams trois jours après la parution de son article et au terme d’un procès expéditif.
Mohammed a eu la bonne idée de faire appel. Résultat : la cour d'appel d'Agadir s'est prononcée pour l'annulation de la peine de prison et de l'amende, et a annulé toutes les charges qui pesaient contre lui.
Elle a justifié sa décision par le non-respect de la procédure de saisine du tribunal et des délais de la convocation directe. Des dispositions prévues par le Code de la presse.
"Le parquet général a commis une erreur et n’a pas respecté le Code de la presse", a déclaré le défenseur d’Erraji, cité par Magharébia. "Le tribunal devait s’assurer de la légalité des procédures avant de prononcer le verdict.", a-t-il précisé. Des "vices de forme" jugés suffisamment importants aux yeux de la Cour qui s’est donc prononcé en conséquence.
Le jugement a réjouit la société civile marocaine, rassurée de voir la Justice faire preuve de diligence dans le traitement d’une telle affaire. Un sentiment partagé par l’homme de la rue, tant le cas Erraji a était vécu comme un abus de pouvoir du parquet général prompt à ordonner des arrestations, doublé d’une injustice.
A l’évidence l’opinion ne s’attendait pas à une telle issue. "Franchement, je m’attendais au pire, mais, heureusement, il s’agit d’un bon dénouement qui doit être utilisé comme un exemple dans le futur », a commenté une étudiante, citée par Magharébia.
"Je ne peux cacher mon bonheur et ma joie… Ce verdict me rend justice, et je le considère aussi comme la reconnaissance par le pouvoir judiciaire marocain qu'il avait commis une erreur à mon sujet." a déclaré le blogueur. "J'espérais être acquitté, mais j'avais quand même une certaine appréhension", a-t-il ajouté. Non sans confier qu’il aimerait « continuer à écrire ».
La Justice ne s’est cependant pas prononcé sur le fond. Les juges n’ont pas tranché sur la question de savoir si Erraji s’est vraiment rendu coupable d’irrespect à l’égard du souverain. Une accusation infondée en fait et qui devrait être reconnue comme telle. Le pas important qui reste à faire sur le chemin de la liberté d'expression.