Point de vue: Le Maroc nie sa berbérité. La liste des non, non et noms
Après ses moult tentatives de récupérer la dynamique berbériste transnationale, comme lors du dernier Congrès Mondial Amazigh, qu’il a voulu détourner d’Algérie vers son sol à Meknès pour mieux le régenter, le Maroc reprend ses postures carrément intolérantes quant à la question berbère.En effet, c’est à partir des Pays-Bas qu’est venue la nouvelle stupéfiante du retour au déni identitaire le plus brutal : Les chancelleries relevant du royaume chérifien ont reçu une instruction afin d’interdire à leur ressortissants inscrivant leurs enfants sur l’Etat civil consulaire, de donner des prénoms à consonances berbères.
Une offensive ciblée puisqu’une grande partie des Marocains installés en terre néerlandaise est berbère. Pourtant la mesure n’embarrasse pas du tout le pouvoir royal qui la justifie comme le prouve les propos d’ Idris Bajdi, haut fonctionnaire des Affaires Intérieures du Maroc. Il aurait déclaré selon Trouw.com, un site néerlandais qui a révélé cette scandaleuse atteinte à la liberté emprunte de falsification historique : «Nous interdisons les noms berbères parce qu'ils sont contraires à notre identité et parce qu'ils ouvrent la porte à la diffusion de noms sans signification».
Cette déclaration a bien entendu fait réagir les concernés dont un élu hollandais, Moussa Aynan, d’origines marocaines et condamnant la dérive totalitaire. «Le Maroc met en oeuvre une islamisation aveugle du pays, de gens qui n'y habitent plus depuis longtemps et des Européens marocains qui n'y sont même pas nés. En interdisant explicitement des noms berbères séculaires, le Maroc montre clairement quelle identité il veut avoir : arabe. Et les Berbères ne sont pas arabes».
Face à ce genre de provocation il est à craindre un sentiment de frustration et repli sur soi chez ceux qui revendiquent leur identité millénaire loin de tous dividendes politiques.
Le Maroc, réputé pour la dureté de son régime malgré l’avènement d’un jeune roi qui avait annoncé un renouveau démocratique, s’enfonce dans ses paradoxes policiers qui ternissent son image déjà bien entamée ces derniers jours par la répression incessante sur le Sahara occidental qu’il occupe par la force.
Prolonger sa tyrannie jusque dans les pays d’accueil de ses ressortissants risque de le disqualifier définitivement aux yeux d’une opinion internationale dont une grande partie fait vivre le pays par le biais du tourisme.
Akli Tira
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