Journée de la liberté de la presse: femmes journalistes et engagement syndical au Cameroun
L'association "Femmes d'action, femmes de cœur", qui regroupe en son sein des journalistes femmes exerçant au Cameroun, a saisi lundi l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse 2010 pour organiser à Yaoundé un débat sur le thème "Femmes journalistes et engagement syndical".
S'inscrivant dans l'engagement des femmes journalistes à l' émergence d'une presse professionnelle au Cameroun, ce débat visait à évaluer le rôle de celles-ci dans la lute syndicale dans ce pays d'Afrique centrale.
"Il n'existe pas de nom de femme dans le syndicalisme au Cameroun", a déploré Nta à Bitang, vice-président de l'Union des journalistes du Cameroun (UJC).
Le même constat a été fait par le secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Cameroun (CSTC), l'une des organisations syndicales du pays, Jean-Marie Zambo Amougou, qui, déjà, a relevé que "la marche vers le syndicat dans le milieu journalistique, autant elle a bien commencé, autant elle manque de structuration".
La cause en est que: "Les journalistes couvrent les actions des autres syndicats, mais ils ne sont pas toujours eux-mêmes militants syndicaux actifs".
Il a noté une pléthore d'associations de journalistes, une quinzaine, mais seulement deux syndicats qui ne fonctionnent d'ailleurs pas comme tel: le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) et le Syndicat national des journalistes employés du Cameroun (SNJEC).
Selon ce responsable syndical, pour qu'une organisation soit reconnue comme un syndicat, elle doit avoir l'autonomie de décision et de ressources (financières et humaines), s'organiser pour faire valoir sa force et avoir une organisation démocratique, entre autres conditions.
Journaliste et enseignant à l'Ecole supérieure des sciences et techniques de l'information et de la communication (ESSTIC) de Yaoundé, Emmanuel Mbédé a estimé que, parce qu'elles exercent une profession où elles sont marginalisées, "l'action syndicale est essentielle pour les femmes journalistes parce qu'elle concerne leurs conditions de travail et leur identité professionnelle".
Pourtant, les statistiques montrent une présence de plus en plus nombreuse des femmes dans l'apprentissage et la pratique du métier de journaliste au Cameroun. 10% au début des années 80 et 20 à 30% au cours de la décennie suivante, elles représentent aujourd'hui entre 60 et 70% des effectifs de l'ESSTIC.
Absentes au postes managériaux dans les rédactions, les télévisions et les radios, elles se confinent à faire du social ou du culturel.
"Et si l'unité de la presse camerounaise venait des femmes journalistes?", a alors lancé la modératrice du débat, Barbara Etoa, ancienne journaliste éditorialiste à l'office de radio et télévision public, Cameroon Radio Television (CRTV), aujourd'hui chargée de la communication au bureau de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Yaoundé.