La page Facebook de soutien au supporter Lex a diffusé une représentation de sa vision actuelle, après le tir de Flash-Ball reçu le 19 octobre dernier près du stade Gerland.

De Casti à Lex, histoires de tirs de Flash-Ball croisées dans le monde des supporters de football !

Un peu plus de deux ans après le tir de Flash-Ball dont a été victime Casti, le supporter lyonnais Lex a lui aussi fait les frais de cette arme qui le rend aujourd'hui quasi-aveugle. 15 jours avant la manifestation de soutien organisée à Lyon, contre l'utilisation du Flash-Ball, Médiaterranée fait le point sur ces deux histoires tragiquement entremêlées.

21 septembre 2012. Tranquillement attablé à une baraque à frites, en marge du match MHSC-ASSE, Casti, supporter de la Butte Paillade 91, s'écroule sous le coup d'un tir de Flash-Ball, un tir qui lui fera perdre complètement l'usage de son œil droit.

19 octobre 2014. Juste avant le match OL-MHSC, Lex reçoit dans la tempe droite, une gomme de Flash-Ball qui lui inflige 4 jours d'hospitalisation et le plonge fatalement dans la mal-voyance. En effet, depuis un accident du travail survenu quelques années plus tôt, Lex avait perdu l'intégralité de l'usage de son œil gauche. Et il se retrouve aujourd'hui avec un œil droit bénéficiant d'une acuité visuelle de seulement 3/10, suite au tir de Flash-Ball impacté. Il faudra attendre 6 mois pour savoir si ce niveau de vision représenté dans ces photos publiées sur la page de soutien à Lex se maintient, s'améliore ou, au contraire, s’aggrave...

 

Contrairement à ce qu'avait déclaré Albert Doutre, le patron de la Direction départementale de la sécurité publique du Rhône dans les colonnes du Progrès, Lex n'est pas un « hooligan ultra-violent du virage sud », ni « un membre des identitaires lyonnais », affirme Florian, un ami ultra qui est responsable de la communication de Lex auprès des médias :

 « Albert Doutre n'a dit ceci qu'un seule fois et ne l'a plus jamais répété parce que ce n'est pas le cas. Si Lex était un supporter violent, après dix ans de vie dans les tribunes, ce n'est pas deux IAS (Interdictions Administratives de Stade) qu'il aurait eu, mais des IDS, c'est à dire des Interdictions De Stade prononcées par des tribunaux, ainsi que des peines de prison, des amendes, etc. ! »

Alors que s'est-t-il passé ce soir là ? Florian nous explique :

« Des échauffourées ont éclaté entre certains supporters de Montpellier et de Lyon. Lex était à 200 mètres d'eux, près du Mac Do de Gerland, près d'un groupe de policiers qui surveillait tout cela de loin. Quand la police a commencé a gazer les deux groupes qui s'affrontaient des Montpelliérains se sont repliés vers le Mac Do et Lex s'est interposé entre eux et les nombreuses familles avec enfants présentes dans ce secteur pour leur dire de faire attention à elles et c'est là qu'il a reçu le tir de Flash-Ball ! »

C'est ce que répète Lex depuis le drame, comme le montre cette déclaration diffusée sur Facebook le 23 octobre et toujours en ligne :

« Je tiens du fond du cœur à remercier chaque personne qui m’a soutenu durant ces 4 jours d'hospitalisation. Tous les messages, un par un, m'ont été lus et chacun d'eux a été pour moi une source de courage et de force car ces jours ont été très durs physiquement et mentalement. Depuis l'accident les diagnostics ont été de plus en plus mauvais, d'ailleurs à mon retour à la maison ce soir, j'apprends que mon état s’est encore détérioré, mais que les médecins n'ont pas voulu me le dire. Je dois encore patienter un long mois avant de savoir si mon état va se stabiliser ou au contraire se dégrader encore. Même si aujourd'hui on me demande de ne penser qu'à ma santé, je n'arrive pas a faire abstraction de ce coup de flashball tiré, qui aujourd'hui fait basculer ma vie d'un coté semi obscure et qui fera de moi quelqu'un d'assisté, car mes deux yeux ne me permettront même plus de pouvoir lire, conduire, travailler... et toutes les choses basiques de la vie, d'après les médecins.

C'est pourquoi, je fais appel à vous tous :

Suite a mon audition avec la police des polices aujourd'hui, j’ai appris qu’apparemment toutes les images vidéos des caméras seraient bizarrement inexploitables ou disparues. Seules des vidéos amateurs pourrait appuyer qu'une bavure policière a bien été commise. Donc si une personne détient la moindre image de ces faits se déroulant au milieu du carrefour Mc Do / Ancien Norauto à Gerland, et non pas, comme le disent certains médias, au milieu des affrontements 200 mètres plus loin, merci de nous les faire parvenir au plus vite !

Encore un énorme merci a vous tous, proches ou moins proches, votre soutien restera marqué à jamais et me fera sûrement penser la vie d'une autre façon malgré tout... »

 

Avant d'entendre que les images de videosurveillance étaient inutilisables, Lex était certain qu'elles pourraient démontrer qu'il ne méritait pas de subir un tel sort. Las, il lui a rapidement été indiqué que les images de vidéosurveillance captées par la caméra à 360 degrés placée cet été, juste au dessus dudit Mac Donald, étaient inexploitables. Des déclarations qui rappellent celles entendues pendant deux ans par le supporter Casti, avant que le cabinet d'avocats de Me Phung n'obtienne enfin le visionnage de ces images de vidéosurveillance, ainsi qu'une confrontation simultanée avec l'agent de la BAC responsable de ce tir de Flash-Ball décoché à Montpellier.

Accompagné des groupes Butte Paillade et Armata Ultras, Casti sera présent à la manifestation organisée ce 15 novembre à Lyon pour soutenir Lex, victime, comme lui, d'un tir de Flash-Ball en pleine tête, alors que la loi prévoit la non-utilisation de cette arme au dessus de la ceinture... Casti fera ce déplacement pour rencontrer Lex, le soutenir et demander, comme les autres participants de cette manifestation, « l'interdiction de l'emploi du Flash-Ball, notamment autour des stades ».

 

Outre Montpellier, de nombreuses autres villes seront également représentées, le drame de Lex déclenchant comme pour Casti, un vaste élan de solidarité nationale et internationale dans le monde du supportérisme. Ainsi, des groupes d'une quinzaine de villes ont d'ores et déjà annoncé leur venue :

Paris, Grenoble, Lens, Auxerre, Metz, Caen , Reims et Guingamp, pour la France, ainsi que Bruxelles (Belgique), Vicenza (Italie), Reggio Emilia (Italie), Genève (Suisse). D'autres s'ajouteront encore dans les 15 prochains jours. Pour demander « Justice Pour Lex », avec sans doute un écho de « Justice pour Casti », sur un air de « Plus jamais ça ! »