chaque jour, des ambulanciers ramènent des êtres humains calcinés ou ensanglantés, qui vont mourir quelques heures plus tard sur leur civière... (DR)

Gaza : le cri d’alerte des chirurgiens impuissants devant l’ampleur du massacre

La bande de Gaza n'a qu'une seule salle d'opération submergée par les grands brûlés et des blessés touchés par des éclats d'obus depuis que l’armée israélienne a entrepris son opération de destruction massive de l’enclave.

Yamin, trois ans, est le seul survivant d’une famille qui a été décimée la semaine dernière à Al-Bouraj, dans le centre de Gaza. Il est défiguré à jamais, a aussi la peau du dos brûlée et de multiples fractures. La maison familiale a été pulvérisée d’un seul coup le jour de l’Aid el-Fitr qui marque la fin du Ramadan.

Yamin a été transféré au département des grands brûlés de l'hôpital Chifa, à Gaza, où une poignée de chirurgiens sont plongés dans les horreurs de la guerre. La seule de la bande de Gaza pour les chirurgies plastiques.

Chaque jour, des ambulanciers y ramènent des êtres humains calcinés ou ensanglantés, qui vont mourir quelques heures plus tard sur leur civière.

Selon les services de santé locaux, plus de 1.750 Palestiniens, dont une majorité de civils d'après l'ONU, ont perdu la vie et 9000 autres ont été blessés depuis le début des bombardements.

« 70% des blessés resteront infirmes… »

"Il y a très peu de blessés légers. Mon sentiment est qu'environ 70% des blessés resteront infirmes. Leur vie ne sera jamais plus la même", constate Ghassan Abu Sitta, chirurgien plastique de l'Université américaine de Beyrouth, déployé depuis une semaine en renfort à Gaza par l'ONG Medical Aid for Palestinians (MAP), cité par l’AFP.

"J'ai eu le cas d'un enfant de 8 ans qui avait perdu toute sa famille et la moitié de son visage, dont un oeil. Et l'autre oeil a été crevé par un éclat d'obus. J'ai dû reconstruire son visage. Il n'a plus d'avenir et n'arrête pas de demander pourquoi la lumière est éteinte".

"L'ampleur et la magnitude du carnage excèdent de loin la capacité du système de santé", dit ce chirurgien qui était aussi à Gaza lors de l'opération israélienne "Plomb durci" fin 2008-début 2009, également cité par l’AFP.

« Les gens ont peur d’aller dans les hôpitaux »

"Nous observons maintenant un désastre sanitaire et humanitaire", a prévenu ce week-end James Rawley, coordinateur des opérations humanitaires de l'ONU dans la bande de Gaza.

Le tiers des hôpitaux ont été touchés par les combats et en raison des violences, près de la moitié du personnel médical n'arrive pas à accéder aux cliniques et aux centres de santé encore debout.

"L'état du système de santé est désastreux aujourd'hui parce que les gens sont crevés, beaucoup d'hôpitaux ont été touchés par les bombardements, les gens ont peur d'aller dans les hôpitaux" car ils doivent parfois traverser des zones de tirs, note Nicolas Palarus, chef des opérations de Médecins Sans Frontières (MSF) à Gaza.