Logo de Naturgy le plus grand groupe gazier espagnol (photo DR)

Une société gazière espagnole tente une intermédiation entre Alger et Rabat

Le plus grand groupe gazier espagnol, Naturgy, a déclaré le 10 novembre qu'il était en pourparlers avec des responsables algériens et marocains afin d'obtenir une extension de l'accord de transit du gaz algérien par le Maroc. 

Jon Ganuza, responsable mondial du contrôle de gestion chez Naturgy, a déclaré après la publication du rapport sur les résultats du troisième trimestre sa la société que les discussions se poursuivaient pour voir si la concession du gazoduc pouvait être prolongée.  "Ce serait raisonnable et bénéfique pour toutes les parties en présence", a-t-il déclaré.

Assurant que Naturgy savait depuis des mois qu’il était peu probable que la concession GME soit poursuivie, le responsable de la firme gazière espagnole soutient que la société dispose encore de volumes de gaz suffisants pour répondre aux besoins de ses clients. Il a tenu à rassurer ses partenaires quant à sa capacité à acheminer du gaz même si cette tentative de réconciliation échouait. 

Alger campe sur ses positions

Du côté d’Alger, les responsables restent de marbre face à cette initiative. En témoigne, la toute dernière sortie du PDG de la compagnie Sonatrach, partenaire de Naturgy.

"L’approvisionnement de l’Espagne en gaz algérien ne souffre d’aucun problème. Ce qui se raconte ça et là est faux. Pour le moment, aucun de nos partenaires espagnols n’est venu se plaindre quant aux volumes de gaz acheminés à destination de l’Espagne", a souligné hier Toufik Hakkar, lors de sa participation à Oran à une journée d’étude sur les hydrocarbures.


Lundi 8 novembre, un méthanier chargé de quantités de gaz liquéfié, en provenance d’Algérie, a accosté au port de Huelva en Andalousie. Toutefois, la transformation du produit acheminé par navire en gaz naturel s’avère une opération coûteuse et techniquement compliquée par rapport à l'acheminement du gaz par pipeline. Pour l'instant, ni Madrid ni Alger n'ont révélé qui devra assumer ces coûts supplémentaires.

À noter que l'Algérie a déclaré à plusieurs reprises qu'elle pouvait répondre à la demande de gaz espagnole en utilisant uniquement le gazoduc direct Medgaz et les livraisons de GNL. Toufik Hakkar (PDG de la compagnie Sonatrach) , a par ailleurs répété qu'il n'y avait aucune raison de s'inquiéter et que Medgaz "assure actuellement à lui seul la totalité du volume des exportations de gaz algérien vers l'Espagne prévue par des contrats à long terme".

Une expansion de Medgaz en cours de réalisation

La compagnie Naturgy a signé en 2018 un contrat d'approvisionnement de 9 milliards de mètres cubes avec Sonatrach jusqu'en 2030. Néanmoins, ces accords ont été modifiés en octobre 2020, sans que les détails ne soient divulgués.

Actuellement l'Algérie travaille à l'extension de la capacité du gazoduc Medgaz pour passer de 8 milliards de mètres cubes par an à 10,7 milliards. Les travaux devant être achevés qu’au quatrième trimestre, on parle déjà d 'autres mises à niveau possibles pour porter la capacité à 16 milliards de mètres cubes par an.

Le 29 novembre prochain, Barcelone accueillera la réunion ministérielle de l'Union pour la Méditerranée. Une occasion que le ministère espagnol des Affaires étrangères entend bien saisir pour tenter de réconcilier ses deux voisins-ennemis de la rive sud de la Méditerranée. « Ce sera un moment fort. J'espère que l'Algérie et le Maroc participeront à la réalisation d'une Méditerranée prospère », avait souhaité José Manuel Albares.
Rappelons que depuis la détérioration des relations entre Alger et Rabat ces derniers mois, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a ordonné à la société publique Sonatrach de rompre toute relation commerciale avec l'ONEE, la société publique marocaine.