Le fiasco médiatique du Trocadéro s'est cristallisé autour de cette banderole « liberté pour les Ultras ». (© KlemiF/Twitter)

Sacre gâché du PSG : les médias accusent les Ultras !

A Paris, la fête du titre du PSG a viré au cauchemar sportif et médiatique ! Médiaterranée revient sur ces événements qui ont vu les supporters parisiens cloués au pilori des chaînes d'info continue. Avec en première ligne, des « Ultras » fantasmés, en lieu et place des vrais « casseurs »...

Scènes surréalistes ce lundi soir, sur la place du Trocadéro, comme sur les plateaux des médias d'information continue, pour la fête du titre de Champion de France décroché par le PSG.

Le lieu du drame, à décliner au pluriel ? Paris, la capitale de la France, une métropole qui dénombre plus de 10 millions d'habitants et de nombreuses âmes en souffrance. Une partie d'entre-elles, très peu nombreuses au regard du nombre global de participants qui s'élevait à 10 000 personnes selon Le Monde, a sombré dans le vandalisme et l'émeute. Ce qui a eu pour effet direct de dépasser les forces de l'ordre et de mettre un terme dramatique à cette grande fête du titre que les Parisiens attendaient depuis 19 ans. En occasionnant au passage, plusieurs dizaines de blessés et d'interpellations...

"C'est les Ultras" ?

Face à ce monde qui perd la tête, qu'ont trouvé à dire les chaînes d'information continue que sont i>Télé et BFMTV  dans le tube cathodique ? Elles ont en boucle fait l'amalgame entre ces casseurs et les supporters ultras, mis au rang de vulgaires hooligans. Des ultras dont elles ne parlent jamais véritablement dans l'étrange lucarne, une banderole portant l'inscription « Liberté pour les Ultras » cristallisant à elle seule tout l'objet de leur attention informative. Comme dans Le Monde où l'on a pu notamment lire ceci, avant que les suspicions de la prefecture de police, sur la nature ultra des casseurs, ne soit relayée : «  Une banderole indiquant "Liberté pour les ultras" a même été déployée », 

Voir une vidéo des débordements diffusée par LCI :

Cette stigmatisation médiatique des supporters du PSG, Allpaname.com l'a immédiatement dénoncée. En ces termes très contextualisés, pour le site spécialisé dans l'actualité du club parisien et de son supportérisme :

« Ce devait être une communion entre les joueurs et leurs fidèles, ce soir, sur l'esplanade du Trocadero.

Mais la fête a tourné court, pour laisser place au chaos, à des perturbations qui ont virées au vandalisme et au sacage.

Peu après 18h, alors que la foule réunie en grand nombre au Trocadéro attendaient l'arrivée du bus des joueurs, des voyous déjà présents ont transformé la fête en désastre, le mot est faible :

journalistes et supporters (les vrais) agressés, véhicules incendiés, vitrines brisées, magasins pillés, bus vandalisés : la remise du Trophée Hexagoal s'est transformée en guérilla urbaine. Les policiers pourtant en nombre se sont vite retrouvés dépassés par les événements.

Il n'en fallait pas plus aux médias pour s'emparer de l'affaire et les chaînes d'information en continue diffusent depuis des heures les images en boucle de ces casseurs. L'amalgame est largement fait : la fête est gâchée par les supporters du PSG. Les réseaux sociaux eux aussi donnent une large part aux malheureux événements et l'opinion publique rallie sans problème le message véhiculé par les médias : les supporters parisiens sont des voyous ».

Une position que partage, sur l'essentiel du propos, le club du PSG qui a publié hier soir un communiqué de presse dans lequel ils condamne ces « quelques centaines de casseurs qui n'ont rien à voir avec le football », mais sont parvenus à gâcher la belle fête du titre.

Paradoxes

La grande ironie du sort, dans tout ça, c'est que Paris est justement la ville où le mouvement Ultra a été mis à la porte du Parc des Princes. Donc, si les actes de violences avaient été commis par des supporters, a fortiori « ultras », comme l'ont martelé à tord de nombreux médias, ce serait l'aveu clair et limpide d'un échec total en matière de politique sportive et de gestion du supportérisme...

Alors que dire, après ce constat, à propos des analyses ergotées sur i>Télé quant à la « vitrine » parisienne du Qatar qui aurait été cassée et pourrait dès lors entraîner le départ de ce fonds d'investissement  ? Que ce sont aussi les symptômes désastreux d'une fuite en avant dans le football business, un football business qui rejette irréverssiblement tous les Ultras des stades de France et ne parvient même plus à fédérer toutes les franges de la société, à l'heure de la fête d'un titre, au coeur de sa capitale nationale ! Bref, c'est surtout l'aveu cinglant d'une société qui va mal, très mal...

Fort heureusement, le titre fêté l'an passé à Montpellier, sur la Place de la Comédie, est là pour ramener chaqun à la réalité. Il y avait aussi beaucoup de monde, ce jour-là : notamment des groupes d'ultras non-dissous par un plan Leproux et très structurés (dont la BP91, Armata Ultras et Camarga Unitat), aux côté de très nombreux supporters lambdas, heureux de communier ensemble le sacre de Champion de France. Avec nécessairement, dans le lot de tous ces Montpelliérains venus fêter ce premier titre de l'histoire du MHSC, des personnes aussi en difficultés sociales ou autres... Mais force est de constater que, malgré la présence esthétique des fumigènes qui étaient en ces temps de triomphe sportif devenus presque habituels sur la Place de la Comédie, tout s'est très bien passé, chaque Montpelliérain gardant aujourd'hui dans sa chair le souvenir de ce frisson mémorable, pour ne pas dire éternel. A méditer plus que jamais, après le grand fiasco du Trocadéro...

Voir les images du sacre de Montpellier, Champion de France 2012, diffusée par France 3 :


Montpellier fête ses champions par F3languedocroussillon

Mise à jour du 14.05.13, à 15h00 : Les « Ultras », les « anciens abonnés » et les « ex-pensionnaires » du Parc des Princes ont publié un communiqué dans lequel ils s'insurgent contre le traitement médiatique dont ils ont fait l'objet. Voici leur communiqué que nous vous diffusons ici in extenso...

Le communiqué des Ultras, anciens abonnés et ex-pensionnaires du Parc des Princes 

« Les termes ne manquent pas, dans les médias, pour nous accuser d'être les instigateurs des débordements survenus ces deux derniers jours. Combien de journalistes nous ont-ils joint pour savoir si nous étions présents lors de ces événements ? En tout et pour tout deux ! Or, que disent les « experts » : la faute des troubles incombent uniquement aux ultras. Quand on veut se débarrasser de son chien, on l'accuse d'avoir la rage...

Aussi, il nous semble nécessaire de rappeler que les anciens abonnés du PSG n’ont pas, et n’ont jamais envisagé de nuire à la célébration du titre, même s’il est amer à nos yeux. Certains de nous étaient là, pacifiquement et ont fait des appels au calme par le biais de leurs mégas. Sans succès. Les ultras ne sont pas des casseurs. Nous, ex-pensionnaires des virages du Parc des Princes, boycottons le stade et les produits du club depuis la présidence du sinistre Robin Leproux. Or, regardez les images que les médias ont diffusées en boucle: les casseurs arborent pour la plupart les maillots que nous refusons de porter. CQFD ! Ce n’était pas nous.

Par le passé, nous nous sommes invités au Parc des Princes, en nombre, sans incident. Nous avons organisé des manifestations dans Paris (où nous étions près de 2000 supporters historiques), sans incident. Nous avons déjoué les mesures liberticides prises à notre encontre, sans incident. Pourquoi, d’un coup aurions-nous changé de stratégie ?

En ce qui nous concerne, nous manifesterons dimanche prochain à 15h, Porte de la Muette, comme la préfecture nous y a autorisé, pour dénoncer les mesures liberticides et absurdes prises à notre encontre. Vous verrez la différence d'ambiance !

Aujourd'hui, l’incompétence du club, de la préfecture et des autorités sont patentes. Un symbole s'il en fallait ? Des dirigeants de la police ont préféré parader avec les joueurs lors de cette célébration plutôt que de gérer la foule, on peut en rire... ou en pleurer.

Il manque au PSG un interlocuteur crédible chez les supporters.

Nous en sommes.

N'annulez pas notre manifestation pacifique, nous vous le prouverons. Faute de quoi, vous démontreriez votre faiblesse à vos détracteurs ! »