Cette écharpe pour René Girard est déjà un collector. Elle le sera encore plus quand le mouvement Ultra n'existera peut-être plus, à force de répression contre le supportérisme...

Ligue 1 : Est-ce ainsi que les supporters vivent ?

De Paris à Montpellier, des supporters seront interdits de déplacement cette 34ème journée. Au passage, c'est tout un folklore cultivé par le mouvement Ultra qui est en train d'être tué dans l’œuf. Au motif d'une lutte contre le hooliganisme qui risque bientôt de s'en mordre les doigts, à force d'avoir alimenté ce contre quoi elle prétendait lutter.

« René Girard, dans notre histoire à jamais ». C'est ce qui est écrit sur une écharpe confectionnée en édition limitée pour une centaine de supporters montpelliérains. On y voit la tête du coach sur le départ du MHSC entourée des lauriers du titre de Champion de France au dessus de ces mots écrits en noir sur blanc : « Un des nôtres ».

"Un des nôtres"

Ces écharpes en orange et bleu sont un pur produit du folklore des supporters. On aurait pu les voir fleurir ce samedi dans les tribunes d'Ajaccio, pour la 34ème journée opposant l'ACA au MHSC. Mais non, la préfecture de la Corse du Sud en a décidé autrement dans un arrêté du 18 avril qui, long de deux pages, peut se résumer dans cet article 1er :

« Il est interdit à toute personne se prévalant de la qualité de supporter du club du MHSC Montpellier, ou se comportant comme tel, d'accéder au stade François Coty ».

Pris pour le 26 avril de 06h à 23h59, cet arrêté concerne aussi un périmètre plus large, aux abords du stade, où il est également précisé expressément, menaces de condamnations devant le tribunal administratif à l'appui, que « la possession, le transport et l'utilisation de tout pétard ou fumigène et de tout objet pouvant être utilisé comme projectile » sont dès lors strictement interdits.

Des règles à géométrie variable

Tout cela au motif  de difficultés liées aux supporters le 21 septembre 2011 et le 11 février 2012, à l'occasion des matchs aller et retour de Montpellier face à Ajaccio. Pas de quoi justifier pour Bouba, le vice-président de la Butte Paillade 91, très sérieux supporter s'il en est, l'interdiction de ce déplacement, qu'il juge complètement « absurde ». 

Le son de cloche est identique du côté de Stéphane de Camarga Unitat qui, après le drame de Casti et les violences policières d'Olympiakos, digère très mal cette décision inédite, cette saison, pour Montpellier : « Ça commence à faire beaucoup... »

Même jugement de valeur pour James, Ex-LPA (Liberté Pour les Abonnés) qui, du côté de Paris, a pris acte du fait que les pouvoirs publics ont décidé d'entraver, comme à l’accoutumé, le déplacement des supporters parisiens ce dimanche, à Evian. Tout cela, au profit des seuls déplacements officiels organisés et encadrés par le club et qui représentent grosso modo, pour chaque match joué à l'extérieur, entre 50 et 100 personnes, selon le supporter parisien.

Ce face à quoi le club d'Evian a tenu à allumer des contre-feux en publiant un communiqué de presse faisant peser toute la responsabilité de l'annulation des places prononcée mardi pour le virage à côté du parcage au Parc des Sports d'Annecy, sur la préfecture de Haute-Savoie.

Une fois n'est pas coutume...

« On a jamais vu ça ! Non seulement ils nous interdisent le stade et ses abords, comme d'habitude, mais ils nous interdisent aussi le centre-ville d'Annecy, souligne James. Et en plus, ils nous annulent nos places sans lancer un arrêté spécifique à cette interdiction, ce qu'ils doivent normalement faire à chaque fois, en plus de l'arrêté général. Le plus surréaliste dans tout ça, c'est que les pouvoirs publics considèrent qu'ils ne sont pas en mesure de maintenir l'ordre : ils disent qu'ils ne sont pas capable de gérer une rencontre de football, alors que ce sont les mêmes qui prétendent gérer l'Euro 2016 en France ! C'est assez incroyable ! »

Pour l'ancien membre de feu LPA, toute cette politique est inspirée par Antoine Boutonnet, le responsable de la division nationale de lutte contre le hooliganisme, récemment interviewé par So Foot : « Il faut qu'il montre qu'il ne se passe rien et pour qu'il ne se passe rien, il faut qu'il n'y ait personne au stade : c'est comme si tu veux faire de la prévention routière et que tu ne laisses plus les entrées aux autoroutes, eh bien, c'est sûr après, tu faits des bons chiffres ! »

La sécurité routière sans la voiture ?

De quoi inquiéter tous les supporters de province qui ont bien compris, à l'instar de Bouba de la BP91, que « le PSG est un laboratoire » pour les instances du football français, en matière de gestion du supportérisme. Un laboratoire qui pourrait bientôt être étendu à l'échelle du pays.

Interdits de déplacement à Ajaccio ce week-end, comme les Parisiens en ont désormais l'habitude, les supporters montpelliérains connaîtront-ils bientôt la seule ''joie'' des déplacements officiels organisés par le club, chose aujourd'hui inexistante à Montpellier ? Et dans un tel cas de figure, les écharpes à la gloire de René Girard auraient-elles plus droit de cité ?

Il est permis de se poser la question, vu l'ampleur de la coercition actuellement imposée au monde des supporters, quels qu'ils soient. Des contraintes actuellement en vogue, comme l'analyse chaque semaine l'émission Liberté Pour les Auditeurs, sur RTSRadio.fr. Des contraintes qui ne dissuaderont jamais tous les supporters de tenter les déplacements, même toutes couleurs rangées... Est-ce ainsi que les supporters vivent ?