Houda Trabelsi

Des humains mis en vente aux enchères en Libye

C’était il y a quelques mois et rien ne semble avoir changé. Le 11 avril 2017, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) avait alerté sur la situation des migrants en Libye. L’ONG déclarait que des personnes étaient vendues comme esclave au plus offrant. Sept mois plus tard, la situation stagne. Un reportage de la chaine américaine CNN diffusé ce mardi explique le calvaire de ces jeunes prisonniers.

« 500… 550… 600… Adjugé vendu ! ». Incroyable mais vrai, en 2017, des humains sont achetés en toute impunité aux enchères en Libye. Des reporters de la chaine télévisée CNN ont pu assister à l’un des nombreux « marchés aux esclaves ». 

Dans le reportage diffusé ce mardi 14 novembre, on voit des jeunes se faire acheter par leur « futur maitre ». Les tarifs sont très bas. Le prix de base est fixé à 350 dinars libyens, soit 217 euros. Après plusieurs propositions, la transaction semble se terminer à 700 dinars (433 €). Pour convaincre les acheteurs, les organisateurs n’hésitent pas à vanter les qualités des individus mis en vente. « Est-ce quelqu’un a besoin d’un creuseur ? Lui, il creuse, c’est un grand homme fort, il creusera ». 

En l’espace de quelques minutes, une douzaine de Nigériens auraient été négociés. « Les migrants sont vendus sur le marché comme s’ils étaient une matière première. La traite d’êtres humains est de plus en plus fréquente chez les passeurs, dont les réseaux sont de plus en plus puissants en Libye » avait expliqué en avril 2017, Othman Belbeisi, responsable de la mission de l’OIM en Libye. 

Dans un entretien accordé à Lemonde.fr, Mohammed Abdiker, directeur de l’OIM pour les opérations et situations d’urgence avait affirmé : « Ce que l’on sait, c’est que les migrants qui tombent entre les mains des passeurs sont exposés à la malnutrition, aux abus sexuels, voire au meurtre. On nous a parlé de charniers dans le désert. »

Pour les hommes, ils sont contraints à des travaux forcés dans le domaine de l’agriculture ou de la construction. Et, « en ce qui concerne les femmes, on nous a signalé beaucoup de mauvais traitements, de viols et des cas de prostitution forcée » détaillait le chargé de mission, Othman Belbeisi. 

Comment expliquer ce phénomène ? 

Selon la chaîne américaine, ce marché s’est développé rapidement à cause de la protection renforcée des côtes libyennes afin de stopper le flux migratoire à destination de l’Europe. Les migrants principalement subsahariens se retrouvent bloqués dans le pays. Vulnérables, ils sont exploités par les passeurs qui s’improvisent vendeurs et organisent des ventes aux enchères mensuelles. À la recherche d’un avenir meilleur, ces jeunes n’arriveront pas à bon port et vivent un véritable calvaire sans aucune protection.

 

 

 

Photo : crédit Houda Trabelsi / Wikimédia