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Tunisie : Restons vigilants (Décryptage)

« Quand Rached Ghannouchi fréquentait L'Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), membre du CFCM (Conseil Français de Culte Musulman) ». Les extraits qui suivent sont issus d'une annexe sur l'UOIF tirée du livre-enquête Ces Maires qui courtisent l'islamisme (éditions Tatamis, octobre 2010).

Rached Ghannouchi est retourné dans son pays, la Tunisie. A l'aéroport l'accueil a été massif et plein d'enthousiasme. Devant la presse et les politiques, l'homme affiche une certaine sérénité mais surtout un islam modéré.

Mais à la lecture de l'enquête "Ces Maires qui courtisent l'islamisme", une autre image apparaît. La retranscription de ses discours en interne ou de ces prêches donne une image radicale du personnage.

Il s'interroge : "Qu'est-ce que cette séparation de l'Église et de l'État ?" Pour lui, la réponse est claire "la laïcité est un concept de Kouffars (infidèles)" Et d'illustrer son propos en affirmant : "Regardez, par exemple, le grand Babbass [le Pape] et les religieux chrétiens ou les rabbins, ne tiennent-ils pas de discours politiques ? Le musulman devrait-il seul s’abstenir de s’occuper de politique ?" .

La mosquée est donc, selon Rached Channouchi, le parlement de l'islam. Il soutient  "Où le prophète Mahomet et ses nobles successeurs conduisaient-ils les affaires de l’Etat ?
N’est-ce pas dans la mosquée que la justice est rendue, l’enseignement dispensé et même l’entraînement ainsi que la conduite des opérations militaires ?"

Il considère que tous les pays musulmans sont aujourd'hui dirigés par des "hypocrites" qui se disent islamistes mais en fait, ils gèrent leur pays dans les intérêts des "infidèles" ; "Alors que le Prophète a mis en garde les musulmans de prendre pour tuteurs les chrétiens et les juifs."

Mais ses discours deviennent dangereux pour les maghrébins mais aussi pour les Français car ils alimentent la rhétorique du Front National sur l'immigration. A tel point qu'ils pourraient nous amener à croire en une alliance objective entre les intégristes et le FN.

Ainsi, peut-on lire quand ils s'adressent aux musulmans de France au Bourget : "Au siècle dernier, les musulmans étaient au nombre de 20 à Paris. Aujourd’hui, ils sont plus de deux millions. (...) Les mosquées, les établissements et les quartiers musulmans ont connu, depuis une vingtaine d’années, une expansion vertigineuse en France. (...)" De tels propos, viennent alimenter les arguments de Marine Le Pen et du FN sur l'islamisation de la France.

Rached Ghannouchi appelle les membres de son auditoire à ne pas oublier qu'ils sont : "ici des immigrés au sens de l’immigration du Prophète avec ses compagnons pour étendre l’Islam. Vos prédécesseurs étaient des ouvriers, tachez de devenir des patrons. Epargnez et créez des entreprises, telles que des sociétés de taxis, des boucheries. (...) Faites en sorte que pas un seul franc ne tombe ailleurs que dans la poche d’un musulman... ».

En avril 1996, dans une tribune publiée par Die Zeit, quotidien d’Hambourg, le leader d’En-Nahdha justifiait ainsi la recours à la violence et du terrorisme : «... L’Islam frappe à toutes les portes. Il progresse par les moyens pacifiques partout où c’est possible. Mais si les portes lui restent fermées, alors il cherche à les ouvrir, parfois sous la pression du peuple, parfois en faisant usage de la violence... ».

Ce bref rappel montre que l'image de Rhached Ghannouchi est loin de celle d'un modéré. Bien sûr qu'après la fuite de Ben Ali en Tunisie et celle prévisible d'Hosni Moubarak en Egypte, ce sont les peuples de ces pays qui décideront de leur avenir. Cependant, ils devront exercer ce droit élémentaire de la démocratie en toute connaissance de cause, en ayant tous les éléments du débat notamment sur la question de la laïcité et de la religion. L'ignorance est la pire ennemie de la démocratie.

Ils devront faire face à ce double langage des islamistes.  Si nous sommes leurs amis, si nous les soutenons dans leur combat pour la démocratie et la liberté alors nous devons rester vigilants, en donnant toutes les informations, pour empêcher  que de nouveaux pays tombent dans l'escarcelle des États islamiques en tête desquels l'Iran. Ces peuples se sont débarrassés des dictateurs ce n'est pas pour se jeter dans les bras d'autres totalitarismes.

Nous devons l'être encore plus lorsque la menace de l'extrême droite se précise de plus en plus en Europe et plus particulièrement en France, avec ici aussi un discours de façade, trompeur de ses leaders comme Marine Le Pen. D'autant et nous l'avons vu, qu'il est alimenté par les intégristes musulmans eux-mêmes. Comme quoi, les extrêmes se rejoignent toujours, ils sont les revers de la même médaille.

Maurice BRANDI