Macron, les “fake news” et l’empire Bolloré : une bataille pour l’esprit public (Abonnés)
En dénonçant la prolifération de la désinformation et en soutenant l’idée d’un label journalistique indépendant, Emmanuel Macron a déclenché une tempête dans le paysage médiatique. Au premier rang des protestataires : les chaînes du milliardaire Vincent Bolloré, devenues la principale caisse de résonance de l’extrême droite. Leur réaction révèle surtout la crainte d’un regard critique sur des pratiques éditoriales qui façonnent une part croissante de l’opinion.
Lorsque le président de la République évoque la nécessité d’un outil permettant aux citoyens de distinguer médias professionnels et plateformes toxiques, il touche un nerf à vif. L’idée d’un label attribué par des journalistes — et non par l’État — vise pourtant à répondre à un phénomène documenté : l’explosion des contenus mensongers, des rumeurs virales et des manipulations qui déstabilisent chaque jour un peu plus le débat public.
Mais la polémique a aussitôt été embrasée par les médias appartenant au groupe Bolloré. Sur CNews, sur Europe 1 ou dans les pages du JDD, les éditorialistes ont crié à « l’autoritarisme », au « contrôle de l’information », allant jusqu’à parler de « Pravda ». Cette réaction épidermique, presque réflexe, en dit long sur la place prise par ces chaînes dans l’espace public — et sur la peur de voir leurs méthodes disséquées au grand jour.