Le nord de la France à nouveau sous l’eau, les habitants dans le désarroi

Le nord de la France à nouveau sous l’eau, les habitants dans le désarroi

Une nouvelle fois en l'espace de trois mois, le nord de la France subit d’importantes inondations. Un phénomène récurrent qui pose la double question de la prévention et  la lutte contre le changement climatique. 

Depuis le samedi 30 décembre 2023, le département du Pas-de-Calais est en alerte rouge pluie-inondation selon Météo France. Durant cette période, il est tombé 80 mm de pluie et on prévoit une accumulation supplémentaire de 100 mm ce jeudi. 

Dès mercredi, une douzaine de cours d'eau étaient en alerte crues, dont l'Aa. La situation mobilise 600 sapeurs-pompiers et plusieurs pompes sont prêtes à évacuer l'eau, avec d'autres en route depuis les Pays-Bas, la République tchèque et la Slovaquie. 

Outre le Pas-de-Calais, d'autres départements sont également touchés par ces violentes pluies, comme l'Aisne, les Ardennes, la Meuse, la Moselle, la Meurthe-et-Moselle, le Nord, le Finistère et la Loire-Atlantique. L'accalmie est attendue pour vendredi. 

Un homme de 73 ans a été retrouvé mort dans sa voiture partiellement immergée en Loire-Atlantique le mercredi 3 janvier dans l'après-midi. Il semblerait qu'il se soit aventuré sur une route coupée à la circulation en raison des inondations. 

Plus de 10 000 foyers sont privés d'électricité

Les conséquences de ces fortes pluies sont désastreuses pour la population. Plus de 50 communes du Pas-de-Calais sont touchées et environ 200 personnes ont été forcées d'évacuer leurs maisons inondées. Des dizaines de personnes ont passé la nuit de mardi à mercredi dans des abris d'urgence. 

Plus de 10 000 foyers sont privés d'électricité dans ce département et dans le Nord voisin, et 2 000 habitants se retrouvent sans eau potable. 

Épuisés par ces inondations à répétition, à quelques semaines d’intervalle, de nombreux habitants envisagent de déménager, ce qui est compliqué lorsque l'on est propriétaire de sa maison, et d'autres envisagent de porter plainte contre l'État. Beaucoup craignent de devoir revivre ces événements chaque année et de faire face à un risque de catastrophes naturelles de plus en plus élevé.

Autre source d’appréhension : le remboursement par les assurances qui ne se passe jamais comme prévu. Lors d'une visite dans la région en novembre dernier, Emmanuel Macron avait annoncé la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle pour 244 communes du Pas-de-Calais et une trentaine dans le Nord. Un fonds de 50 millions d'euros avait été débloqué pour aider les collectivités à faire face aux dépenses initiales, ainsi qu'un autre de 80 millions d'euros destiné aux agriculteurs touchés. 

Cependant, moins de deux mois plus tard, les procédures sont loin d'être terminées et encore moins abouties. Plusieurs sinistrés attendent encore les experts et n’ont pas reçu d’avance pour faire face aux dépenses indispensable dans l’immédiat, alors qu’ils subissent de nouvelles inondations.

Le lien avec le réchauffement climatique incontestable

Le département a connu 27 jours d'alerte, dont 10 en alerte rouge, depuis le 3 novembre. Une série de tempêtes - Céline, Ciaran et Domingos - avait déjà provoqué des inondations qualifiées d'historiques dans le Pas-de-Calais. 

Les rafales de vent à plus de 100 km/h sur la côte atlantique avaient été accompagnées de pluies exceptionnelles, entraînant le débordement des principaux cours d'eau de la région. 

Le lien entre ces phénomènes extrêmes et le réchauffement climatique est désormais indéniable. Une étude publiée en novembre par des chercheurs du CNRS soulignait une augmentation de 15 à 30 % des précipitations associées à ces événements, ainsi que leur multiplication. 

Plus il fait chaud, plus l'air à la surface de la Terre contient de la vapeur d'eau, ce qui devrait entraîner des inondations de plus en plus fréquentes et importantes. Se contenter de réparer les dégâts risque de devenir un gouffre financier sans fin.