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Tunisie: l'évacuation de dizaines de milliers de réfugiés: "un cauchemar logistique"

Une opération aérienne a commencé mercredi pour évacuer des dizaines de milliers de personnes depuis la frontière tunisienne avec la Libye et les acheminer dans leurs pays d'origine respectifs. Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Antonio Guterres a décrit cette opération d'évacuation comme un « cauchemar logistique ». Il a indiqué à la BBC jeudi que « les pays riches ont organisé le retour de leurs ressortissants. Maintenant il est temps d'aider les citoyens des pays pauvres à rentrer chez eux ».

Dans le cadre d'un programme dirigé par le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 50 vols étaient prévus jeudi pour permettre à des travailleurs migrants – pour la plupart des Égyptiens – de rentrer chez eux. Le HCR avait déjà ramené 177 personnes en Égypte lors d'un premier vol mercredi soir.

L'Égypte a organisé 30 vols sur la totalité des rotations. La France, l'Italie et le Royaume-Uni ont contribué au pont aérien, alors que le HCR et l'OIM affrètent les avions. Le Gouvernement tunisien a indiqué mercredi qu'environ 25.000 personnes présentes à la frontière avaient urgemment besoin de trouver un transport.

Depuis le soulèvement anti-gouvernemental en Libye, plus de 90.000 personnes auraient fui de l'ouest de la Libye vers la Tunisie et environ 80.000 vers l'Égypte. En 24 heures, environ 9.000 personnes ont traversé la frontière vers la Tunisie.

Le personnel du HCR à la frontière a indiqué que l'afflux continuait jeudi, mais à un rythme bien moins important. Des personnes pourraient être empêchées de quitter la Libye.

La plupart des arrivants sont originaires d'Égypte. La Libye comptait environ 1,5 million de travailleurs migrants avant les troubles. Bien que trois quarts des Égyptiens ont été rapatriés, au moins 12.000 d'entre eux se trouvent toujours en Tunisie.

Le personnel du HCR a vu des ressortissants de plus de 20 pays traverser la frontière, dont plus de 5.300 Bangladeshis durant les dernières 24 heures.

António Guterres a réitéré jeudi sa préoccupation pour les personnes relevant de la compétence du HCR et se trouvant en Libye. Plus de 8.000 réfugiés et 3.000 demandeurs d'asile sont enregistrés auprès du HCR en Libye mais, en réalité, ils pourraient être bien plus nombreux.

Au moins 10.000 personnes sous les tentes

Parallèlement, le HCR continue à acheminer des tentes et d'autres biens de secours à la frontière, où un camp de tentes a été créé dans un nouveau centre de transit établi par les autorités tunisiennes. Au moins 10.000 personnes étaient hébergées dans le camp mercredi soir. « Nous espérons doubler cette capacité d'accueil d'ici deux jours », a indiqué Sybella Wilkes, porte- parole du HCR à Genève.

De l'autre côté de la Libye, les personnes traversent également la frontière vers l'Égypte depuis le début de la crise, mais la situation y est bien plus calme. Environ 6.000 personnes sont arrivées au poste frontière de Sallum mercredi, selon les équipes du HCR sur place. Parmi eux se trouvait un groupe important d'Égyptiens provenant de l'ouest de la Libye. Le HCR, avec l'aide des militaires, a distribué 400 rations alimentaires aux personnes bloquées à la frontière.

Le HCR devrait lancer à la fin de la semaine lancé un appel de fonds supplémentaire d'un montant de 18 millions de dollars afin de financer son programme d'aide humanitaire d'urgence pour la Libye.