Guerre ouverte entre Marzouki et Kaïs Saïed

Mandat d’amener international contre l’ancien président Moncef Marzouki

La Tunisie a émis un mandat d'amener international contre l'ancien président Moncef Marzouki, accusé d'avoir porté atteinte aux intérêts nationaux, rapporte l'agence de presse TAP, citant le bureau de presse du premier tribunal d'instance de Tunis.

Le mandat a été émis par le juge d'instruction en charge du dossier Marzouki, l'ancien président étant accusé par le nouveau chef de l'État, Kaïs Saïed, de complot contre la sûreté de l'État.
Ce mandat fait écho aux multiples déclarations de Marzouki contre le gouvernement de Kaïns Saïed. La dernière en date fut lors d'une intervention télévisée, le 12 octobre dernier, sur la chaîne France 24, où il se félicitait d'avoir œuvré au report du sommet de la Francophonie à l’année prochaine, alors qu’il était prévu les 20 et 21 novembre 2021 sur l’Île de Djerba. L'ancien président a également appelé la France, lors d'une manifestation à Paris le 9 octobre, à retirer son appui au régime du président Kaïs Saïed, qui s'est attribué en juillet dernier de larges prérogatives en gelant les pouvoirs du Parlement, en levant l'immunité des députés et en limogeant le chef du gouvernement. Il a ainsi décidé d’assumer pleinement le pouvoir exécutif, avec l'aide d'un gouvernement dont il désigna le chef.

Une réaction musclée du gouvernement tunisien.

À l'aune des déclarations du chef de l'État, une enquête a été ouverte contre Moncef Marzouki, conformément à l'article 23 du Code de procédure pénale et par ordonnance de la ministre de la Justice,  selon ce qu'a affirmé le porte-parole de la Cour d'appel de Tunis, Habib Torkhani, à l'Agence de presse officielle.

Moncef Marzouki figure"parmi les ennemis de la Tunisie" et contre "ceux qui portaient atteinte aux intérêts fondamentaux de la Tunisie depuis l’étranger les accusant de comploter contre la sûreté de l’État". Selon Kaïs Saïed

Guerre ouverte entre Marzouki et Kaïs Saïed

Rappelons que l’ancien président provisoire de la République tunisienne, Moncef Marzouki, n’est pas à sa première diatribe envers le gouvernement tunisien actuel. En effet, il a précédemment qualifié le régime de « putchist » et de « dictature ».  Il ne reconnait « ni Kaïs Saïed en tant que président légitime de la Tunisie, ni son gouvernement». Selon lui, Kaïs Saïed «n’a pas obtenu la confiance du Parlement qui a été gelé en violation flagrante de la constitution ».  Marzouki se considère, pour cette raison, « non concerné par les décisions émanant de ce régime illégitime ».

Opposant historique à la dictature de Ben Ali puis premier président de l'aprèsrévolution (2011-2014), Moncef Marzouki, 76 ans, a longtemps symbolisé le combat pour la démocratie en Tunisie, même si son image s'est brouillée du fait notamment de son alliance controversée avec Ennahda, parti d'inspiration islamiste.
Il a dirigé la Tunisie jusqu'en 2014, échouant à se faire réélire cette année-là, ainsi qu’en 2019.